Nommé au ministère de l'Intérieur lors du dernier remaniement, Christophe Castaner a dévoilé sa feuille de route au Journal du Dimanche.
C'est un discours qui a frappé les esprits : en quittant le ministère de l'Intérieur, Gérard Collomb a dressé un tableau très sombre de la sécurité en France, parlant "des narcotrafiquants, des islamistes radicaux" qui feraient "la loi" dans des cités. Un constat que partage son successeur Place Beauvau, Christophe Castaner. "Gérard Collomb avait dit cela bien avant de démissionner et il a raison : il y a une situation de tension extrême et une grande violence dans certains quartiers", reconnaît le nouveau ministre de l'Intérieur, qui dévoile sa feuille de route dans Le Journal du Dimanche.
"Partout où la République recule, il faut agir". Pour remédier à cette situation inquiétante, Christophe Castaner compte s'appuyer sur la police de sécurité du quotidien et les "quartiers de reconquête républicaine", deux créations de son prédécesseur. "Quand vous mettez trente policiers de plus dans un quartier, ça change tout – des policiers que j'ai rencontrés sur le terrain me l'ont dit. Et je ne parle pas de remplacements de fonctionnaires à la retraite, mais bien de trente policiers de plus", souligne le ministre de l'Intérieur. "Partout où l'on voit que la République recule, il faut agir. Reconquérir mètre carré par mètre carré la souveraineté républicaine. Ce sera un combat", annonce-t-il.
Comment Christophe Castaner conçoit-il sa mission à ce nouveau poste ? "Avec Laurent Nuñez (nouveau secrétaire d'État auprès de lui, ndlr), notre objectif est de protéger les Français. Ce qu'il y a de plus précieux, c'est leur sécurité, dans toutes ses dimensions", explique-t-il. Le ministre évoque ainsi "la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, qui font peser une menace permanente sur notre pays, et la lutte contre la délinquance du quotidien, les trafics et les violences qui pourrissent la vie de nos concitoyens". "Ce sont deux priorités entre lesquelles je n'ai pas à choisir", assure-t-il.
" Les policiers ont raison de se plaindre du manque de moyens "
Redonner des moyens aux forces de l'ordre. Des combats qui nécessitent des moyens, un point noir récurrent dans les doléances des policiers, qui se plaignent de devoir lutter contre la criminalité avec des moyens obsolètes. "Ils ont raison, il suffit de visiter les commissariats pour le constater", concède Christophe Castaner dans les colonnes du JDD. "Mon budget prévoit l'engagement de 300 millions d'euros par an dès 2019 pour rénover l'équipement. À cela s'ajoutent 130 millions qui seront investis dans la modernisation de la flotte automobile", précise-t-il.
Les policiers ne seront pas les seuls à obtenir un coup de pouce financier. "Pour les gendarmes, le plan triennal immobilier (100 millions d'euros par an jusqu'en 2020, ndlr) permettra d'améliorer les conditions de travail et de vie. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) sera dotée de 22,5 millions supplémentaires affectés à des investissements technologiques. Et je n'oublie pas la sécurité civile, dont la flotte aérienne va être renouvelée : 380 millions d'euros seront mobilisés d'ici à 2022", détaille Christophe Castaner.
" Nous ne montrons aucune faiblesse "
Améliorer la lutte antiterroriste. En matière de lutte antiterroriste, le nouveau ministre de l'Intérieur souhaite mieux "utiliser l'arsenal à notre disposition et avoir le souci de l'efficacité sur le terrain". Pour ce faire, il compte poursuivre les transformations engagées "en ancrant une unité de lieu et un pilotage unique pour les services spécialisés". "La DGSI est installée sur trois sites : je vais organiser le regroupement sur un seul site", affirme Christophe Castaner. "J'ai par ailleurs chargé le nouveau directeur de la DGSI, Nicolas Lerner, de finaliser et de mettre en œuvre notre doctrine de suivi des individus radicalisés qui figurent dans le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT)."
Ce nouveau suivi donnera la priorité à "ceux qui présentent des fragilités psychologiques, ceux qui pourraient détenir des armes à feu, les "revenants" d'Irak ou de Syrie – ce qui représente 261 adultes identifiés en France". "Il y a aussi les 700 Français qui se trouvent encore sur zone, notamment à Idlib, dont il faut surveiller les tentatives de retour éventuelles, et ceux qui ont été condamnés dans des affaires liées au risque terroriste ou qui se sont radicalisés en prison et qui vont sortir d'ici peu", conclut Christophe Castaner. "Nous ne montrons aucune faiblesse."