Bernard Cazeneuve, promis au bail de Matignon le plus court de la Ve République, prononce mardi sa déclaration de politique générale, soucieux de convaincre qu'il n'est pas là pour "éteindre la lumière" d'un quinquennat Hollande menacé d'étiolement.
30 minutes de discours et un vote. Une semaine après la passation de pouvoirs avec un Manuel Valls lancé dans la course à la primaire de la gauche, le Premier ministre est attendu à la tribune de l'Assemblée nationale à 15 heures pour un discours d'une demi-heure à une heure. Plus tard dans la soirée, après le très probable vote de confiance, l'ancien ministre de l'Intérieur se soumettra, toujours dans le même hémicycle, au premier vrai round de son poste de Premier ministre, avec le débat puis le vote de la prolongation jusqu'au 15 juillet de l'état d'urgence.
Un mandat de 130 jours. À 130 jours du premier tour de la présidentielle et deux mois et demi de la fin de la session parlementaire, il aurait pu renoncer à engager la responsabilité de son gouvernement, une tradition républicaine sans aucune obligation constitutionnelle. Mais cela aurait alimenté les critiques de l'opposition, qui moque déjà un Premier ministre là pour "fermer les lumières" après la renonciation de François Hollande à être candidat à sa succession, selon la formule du patron des députés LR, Christian Jacob.
"Protection" et "redressement". Le troisième Premier ministre de François Hollande a placé son "quinquamestre" sous le mot d'ordre de la "protection": protection et sécurité des Français en période de forte alerte terroriste, mais aussi protection sociale, alors que la gauche donne de la voix contre la "purge" du candidat de la droite, François Fillon. Autre objectif, selon son entourage : "mener à son terme l'action de redressement engagée par ses prédécesseurs", en finalisant quelques dossiers (investissements d'avenir, compte pénibilité...) et en prenant les cruciaux décrets d'application des lois du quinquennat.