Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a mis en garde jeudi contre les "dégâts irréparables" que provoquerait l'élection à la présidentielle de Marine Le Pen, dans une interview au Parisien où il appelle le candidat PS Benoît Hamon à oeuvrer au "rassemblement" pour faire "barrage" à la candidate FN.
Un "populisme dangereux et mortifère". Dans cet entretien publié à l'occasion de la dernière journée de son voyage en Chine, où il s'en est déjà pris au "recroquevillement" du protectionnisme incarné selon lui par Marine Le Pen, Bernard Cazeneuve dénonce le "populisme dangereux et mortifère" de la candidate, créditée des meilleures intentions de vote au premier tour par les sondeurs.
"La sortie de l'euro, proposée par le Front national, entraînerait une importante perte de pouvoir d'achat pour nos compatriotes, en frappant de plein fouet leur niveau de vie. Cela doit être dit par souci de vérité", prévient Bernard Cazeneuve. "Lorsque les peuples découvriront les mensonges, il sera trop tard. Les dégâts seront immenses et irréparables", poursuit le Premier ministre, qui achève jeudi à Wuhan (centre) un voyage officiel de trois jours en Chine.
Un soutien plus franc à Benoît Hamon ? Interrogé sur le candidat socialiste, l'ancien frondeur Benoît Hamon, qu'il soutiendrait "du bout des lèvres", Bernard Cazeneuve s'en défend : "pas du tout. Je lui ai dit ma disponibilité et mon sentiment sur le contexte". "Pour moi la priorité c'est le rassemblement pour faire barrage au Front national. Aujourd'hui, Benoît Hamon veut incarner une espérance et défricher pour de nouveaux chemins. Mais il faut articuler espérance et crédibilité", dit-il au Parisien.
"Pour tous les candidats, mon message est clair : si nous, femmes et hommes politiques, ne sommes pas capables d'être sérieux et crédibles pour rassembler largement face à Marine Le Pen, alors nous serons durement jugés par l'Histoire", avertit encore Bernard Cazeneuve.
Ne pas "saturer tout l'espace de ma personne". Le Premier ministre, qui ne se représente pas aux législatives de juin, évoque aussi son avenir, en disant vouloir "poursuivre ma vie politique par la réflexion, par l'écriture, par ma participation aux débats du pays". "Mais mon ambition n'est pas de saturer tout l'espace de ma personne. Cette conception nombriliste de la politique a vécu", estime-t-il.