Les choses bougent très vite sur la scène diplomatique. Les Russes ont annoncé mardi qu’ils considéraient désormais les Français comme des "alliés", que les frappes seraient renforcées et mieux coordonnées et que les échanges de renseignement avec la France seraient désormais la règle. La semaine prochaine, François Hollande ira à Washington puis à Moscou pour construire enfin cette coalition unique de lutte contre Daesh. Mais c’est mardi après-midi que tout s’est accéléré lors d’un échange téléphonique entre le président de la République et Vladimir Poutine.
L’échange téléphonique a duré 30 minutes précisément. D’emblée, Vladimir Poutine a présenté ses condoléances, François Hollande les a acceptées et évoqué le fait que la Russie et la France se retrouvent ensemble dans la souffrance. Les passagers du vol de la compagnie Metrojet eux aussi étaient des innocents. En fait tout a changé : la France frappée si violemment a besoin de la Russie.
"Poutine peut être de miel ou de glace", dit souvent François Hollande en privé. Hier après-midi, au téléphone, le maître du Kremlin était de miel, et pour cause : les propos du Président sont de la musique à ses oreilles, lui qui a été mis au ban des nations, lui qui a été expulsé du G8. Poutine l’infréquentable est aujourd’hui le maître du jeu.
Magnanime, il a déclaré : "nous devons partager le renseignement, nos services secrets doivent travailler ensemble". Puis il a publiquement annoncé qu’il avait demandé à sa marine de prendre contact avec le Charles de Gaulle et de traiter les Français comme des alliés. Ce qui constitue un revirement total. La France voit ses enfants mourir en plein Paris et ne peut plus se payer le luxe de poser ses conditions en Syrie. C’est ce changement de pied que François Hollande actera la semaine prochaine mardi à la Maison blanche et jeudi au Kremlin.