Le Premier ministre était dimanche l'invité du Grand rendez-vous d'Europe 1. Alors même que sa rentrée s’annonce délicate, avec le risque d’attentats, la grogne d’une partie de ses ministres après sa prise de position sur le burkini, mais aussi la candidature, de plus en plus probable, du président de la République à sa succession, bloquant ainsi d’éventuelles ambitions politiques, Manuel Valls a cependant tenu à défendre le bilan du quinquennat, notamment en matière de lutte contre le terrorisme, esquissant les grands enjeux des échéances électorales à venir. Europe 1 revient sur les temps forts de son entretien.
"Il y aura de nouveaux attentats". "Tous les jours, les services de renseignement, la police, la gendarmerie, déjouent des attentats, traquent des terroristes. Nous sommes une cible, chacun l’a compris. Cette semaine, au moins deux attentats ont été déjoués", a rappelé le Premier ministre, en référence à l'arrestation vendredi d'un commando de trois femmes à Boussy-Saint-Antoine. "Il y aura de nouveaux attentats. Il y aura des victimes innocentes. À chaque fois que je prononce ces mots, parce que c’est aussi mon rôle, j’en mesure l’importance et la gravité", a-t-il également déclaré, particulièrement alarmiste.
Valls : "Tous les jours, des attentats sont...par Europe1frLe Premier ministre a parlé d'une menace "maximale", évoquant les 700 djihadistes français, dont 275 femmes, combattant en Syrie dans les rangs de l’Etat islamique, mais aussi les 1350 personnes visées en France par des enquêtes, dont 293 en lien avec des filières terroristes. "On peut considérer qu’il y a 15.000 personnes qui sont suivies parce qu’elles sont dans un processus de radicalisation. C’est d’une ampleur majeure. La vérité m’oblige de dire que c’est l’affaire d’une génération. Ceux qui disent le contraire, que ce n’est pas important, se trompent et mentent au Français", a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy "se trompe". Dans une interview au JDD, l'ex-chef de l'Etat réitère notamment sa proposition de rétention administrative systématique pour les "individus dangereux soupçonnés de liens avec le terrorisme", au nom du principe de précaution. "Il se trompe Nicolas Sarkozy", a estimé Manuel Valls à propos de la ligne ainsi défendue par le candidat à la primaire à droite.
Manuel Valls : "Sarkozy s’est trompé en 2012...par Europe1fr
"Il s’est trompé en 2012 sur la lecture de la menace terroriste, quand il avait évoqué les crimes de Merah comme ceux d’un loup solitaire. Il s'est trompé, comme président de la République, sur l’étendue de la menace puisqu'il a affaibli notre sécurité et notre défense en faisant baisser les investissements et les moyens en hommes et en femmes dans nos forces de sécurité intérieures et extérieures", a énuméré le Premier ministre. "Il se trompe sur la méthode en essayant de tordre le cou à l’état de droit face à la menace", ajoute-t-il encore.
"10.000 places de prison dans les dix ans qui viennent". Manuel Valls a affirmé qu'il faudrait créer "10.000 places dans les dix ans qui viennent" en prison, notamment pour permettre la création de cellules individuelles et d'"unités dédiées" pour les détenus radicalisés. "Il faudra créer de nouvelles places de prison et nous aurons l'occasion avec le garde des Sceaux [Jean-Jacques Urvoas, ndlr], de faire un certain nombre d'annonces dans les prochains jours. Mais nous savons qu'il faudra, sur les dix ans qui viennent, créer sans doute 10.000 places de prison pour permettre la création de cellules individuelles, des unités dédiées", a déclaré le Premier ministre.
Valls : il faudra créer "10.000 places de...par Europe1fr
"Nous pouvons sauver Alstom"."La méthode employée par Alstom est inacceptable", a estimé Manuel Valls, toujours au micro d'Europe 1, alors que le groupe industriel a annoncé cette semaine le transfert, d'ici fin 2018, de la production de trains et du bureau d'études de son site historique de Belfort vers celui de Reichshoffen, en Alsace, pour tenir compte de la baisse des commandes en France. "Nous pouvons sauver Alstom" à condition que les dirigeants du groupe "jouent pleinement leur rôle", a déclaré Manuel Valls.
Valls : "La méthode employée par Alstom est...par Europe1fr
"Le président sortant doit être candidat" en 2017. Interrogé sur sa possible participation à l’élection présidentielle si le chef de l’Etat renonçait à se présenter, le Premier ministre a botté en touche : "Je ne travaille pas sur des suppositions, des supputations ou des si". "Moi, je suis premier ministre, je ne suis pas supplément, je ne suis pas recours, je suis Premier ministre jusqu’au bout parce que je dois agir pour protéger les Français […]", a-t-il déclaré. "François Hollande a donné rendez-vous aux Français au mois de décembre, c’est à lui de prendre cette décision", a-t-il précisé, ajoutant qu'il avait "toujours considéré que le président sortant devait être candidat".
Pour Manuel Valls, François Hollande "n'a pas à...par Europe1fr