Tout au long de la semaine, ils ont défilé à l'Assemblée nationale. Bien souvent, une grande première. Les députés de la République en marche! feront, pour la plupart d'entre eux, leurs premiers (vrais) pas dans l'Hémicycle mardi prochain, pour l'élection du successeur de Claude Bartolone au perchoir. Entre temps, le mouvement leur a concocté un séminaire pour les préparer.
"Il ne faut pas avoir peur de dire qu'on a besoin d'être formés". Rendez-vous est donc pris samedi toute la journée, puis dimanche matin, entre l'hôtel de Lassay et le Palais Bourbon. Si les députés n'ont toujours pas une idée précise de ce qui les attend, certains sont déjà impatients. "La formation, c'est très bien", se félicite Matthieu Orphelin, élu du Maine-et-Loire. "Il ne faut pas avoir peur de dire qu'on en a besoin et arrêter de penser qu'on sait déjà tout." Celui qui a "découvert l'Assemblée nationale de l'intérieur" pour la première fois mardi est preneur de sessions express sur "le fonctionnement d'un groupe, les techniques parlementaires".
"Découvrir la vie parlementaire". Jean-Paul Delevoye, président de la commission d'investiture d'En Marche!, avait promis que le séminaire permettrait aux néo-élus de "découvrir la vie parlementaire, les devoirs parlementaires, les obligations et les procédures parlementaires, car c'est un monde nouveau dans lequel ils vont pénétrer".
" La formation, c'est très bien. Il faut arrêter de penser qu'on sait déjà tout. "
Plus de réflexion que de formation. Depuis, le discours officiel a un peu changé. Du côté de la REM, on insiste sur le fait qu'il s'agit moins d'un séminaire de formation ("on ne va pas leur apprendre le processus législatif ou la construction d'une loi") que de cohésion et de réflexion. "L'idée, c'est d'abord d'organiser l'articulation entre le mouvement, le groupe parlementaire et le gouvernement", nous explique-t-on. "Il va falloir réfléchir à comment le mouvement peut alimenter le travail du gouvernement." Le mouvement devrait d'ailleurs rapidement se transformer en parti politique en bonne et due forme, probablement lors du congrès qui se tiendra le 8 juillet.
Choix de postes et de commission. Pour s'exercer à la cohésion, les députés REM devront notamment se charger d'élire leur président de groupe, qui sera, sauf surprise de dernière minute, Richard Ferrand, exfiltré du gouvernement pour prendre ce poste clef. Par ailleurs, ils ont tous été invités à remplir un formulaire pour donner la commission dans laquelle ils souhaiteraient siéger ou les postes qui les intéressent dans les instances du Palais Bourbon. "Rien ne sera tranché ce week-end, mais ce sera discuté", prévient-on à la REM. "Les enjeux sont nombreux. Il faut trouver des équilibres entre nouveaux et anciens élus, entre hommes et femmes. Sur certains postes, l'expérience joue. Par exemple, on peut difficilement s'engager comme questeur si l'on n'a jamais été élu."
Changer les pratiques politiques. Les députés REM auront également droit à un point sur le calendrier des réformes, et les textes qui arriveront vite dans l'hémicycle. Mais le séminaire doit surtout permettre d'engager "une réflexion autour de la manière dont le groupe entend incarner le renouvellement et faire vivre les pratiques politiques". Autrement dit : il va falloir se mettre d'accord sur des comportements et des attitudes à adopter pour rompre avec certains travers de cette "vieille politique" qu'Emmanuel Macron a fustigée pendant la campagne. "On a déjà vu par le passé des députés qui n'allaient jamais en circonscription", glisse une responsable REM en guise d'exemple. Pas question de reprendre ces mauvaises habitudes.