Il y a quelques journalistes et beaucoup d'ex. Ex-ministres, ex-conseillers, ex-compagne. Tous ont choisi de prendre la plume pour dire leur colère et leurs déceptions du quinquennat Hollande. Avec, souvent, des conséquences dévastatrices pour l'image de ce dernier. Retour sur ces ouvrages qui ont empoisonné son mandat.
Août 2014 : De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion, Cécile Duflot
Partie du gouvernement au printemps 2014, après la nomination de Manuel Valls à Matignon, Cécile Duflot n'attend pas longtemps avant de publier un livre dans lequel elle égratigne François Hollande. "J'ai fait le même chemin que des millions de Français", écrit-elle dans De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion (éd. Fayard). "J'ai voté Hollande, cru en lui et été déçue." L'ancienne ministre du Logement pointe les hésitations perpétuelles du chef de l'État, qui préfère toujours "trouver la solution qui ne fait pas de vagues", quitte à ne satisfaire personne. "Son principal défaut est de ne pas dire ce qu'il pense." Manuel Valls n'est pas épargné non plus. "À force de reprendre les arguments et les mots de la droite, quelle est la différence avec la droite ?", s'interroge-t-elle avant d'accuser le Premier ministre de l'époque de prendre le gouvernement "en otage".
Septembre 2014 : Merci pour ce moment, Valérie Trierweiler
Tenue secrète jusqu'à la fin, la publication du livre de l'ancienne compagne de François Hollande à la rentrée 2014 a pris le président de court. Et porté un sacré coup à son image sur plus de 300 pages. Dans Merci pour ce moment (éd. Les Arènes), Valérie Trierweiler raconte par le menu l'épisode de leur séparation, détails sur sa dépression inclus. Le chef de l'État apparaît froid, lâche, fourbe. Elle révèle aussi qu'"en réalité, le président n'aime pas les pauvres". "Lui, l'homme de gauche, dit en privé : 'les sans-dents' très fier de son trait d'humour." Cette expression, François Hollande n'est toujours pas arrivé à s'en défaire. La vengeance de son ex-compagne a été d'autant plus dévastatrice qu'elle a rimé avec succès en librairie. Dans les neuf premiers mois de sa diffusion, le livre s'est vendu à plus de 750.000 exemplaires.
Octobre 2014 : Insoumise, Delphine Batho
La première ministre de l'Écologie du quinquennat Hollande est brutalement débarquée du gouvernement à l'été 2013. Elle paie alors un coup de gueule en direct à la radio, lorsqu'elle exprime sa déception après avoir constaté une baisse conséquente du budget de son ministère. Le soir même, elle est limogée. Un épisode qu'elle raconte un an plus tard dans son livre, Insoumise (éd. Grasset). Celle qui a alors repris sa place de députée des deux Sèvres raconte les textos énervés reçus de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault, toujours Premier ministre à l'époque. Surtout, Delphine Batho charge la politique énergétique menée par le gouvernement socialiste. Elle pointe le pouvoir d'Henri Proglio, alors PDG d'EDF, qui mène Matignon par le bout du nez. Dénonce les pressions, venus notamment d'Emmanuel Macron (secrétaire général adjoint de l'Élysée à l'époque), pour signer des permis de forages miniers. Et liste la (longue) liste des reculades gouvernementales en matière d'écologie.
Août 2016 : Ils ont tué la gauche, Pierre Jacquemain
Le titre ne laisse pas de place au doute : dans Ils ont tué la gauche (éd. Fayard), publié à la fin de l'été dernier, Pierre Jacquemain, ancien conseiller de Myriam El Khomri, tire à boulets rouges sur le gouvernement. Il s'en prend notamment à Manuel Valls et ses équipes, qu'il accuse d'avoir piloté le très controversé projet de loi Travail en court-circuitant la ministre en charge du dossier. "Ses principaux conseillers concernés par les mesures 'choc' n'avaient pas été sollicités, ne serait-ce que pour avis", écrit-il. Myriam El Khomri, elle aussi, en prend pour son grade. "Elle a abandonné la politique. Les idées. La pensée. Et la gauche avec", bastonne son ancien conseiller, qui lui reproche de ne pas avoir démissionné. Alors que le climat social, largement dégradé pendant les discussions autour de cette loi, vient à peine de s'apaiser, l'ouvrage vient remettre de l'huile sur le feu.
Août 2016 : Conversations privées avec le président, Antonin André et Karim Rissouli
À moins d'un an de la présidentielle, Antonin André, chef du service politique d'Europe 1, et Karim Rissouli, chroniqueur sur France 2, publient un livre d'entretiens avec François Hollande. Dans Conversations privées avec le président (éd. Albin Michel), le chef de l'État revient sur quatre années de quinquennat. Il estime notamment n'avoir "pas eu de bol" sur l'inversion de la courbe du chômage, ce qui lui vaut de sévères critiques de la part de ses adversaires politiques. Plus que le contenu des confidences, la nature du livre agace : d'aucuns reprochent à François Hollande de trouver le temps de mener plus de trente entretiens avec des journalistes.
Octobre 2016 : Un président ne devrait pas dire ça, Gérard Davet et Fabrice Lhomme
Les critiques déjà formulées avec la sortie de Conversations privées avec le président sont loin de s'éteindre lorsque paraît, moins de deux mois plus tard, Un président ne devrait pas dire ça (éd. Stock), écrit de nouveau par deux journalistes d'investigation. Là encore, les relations entretenues par François Hollande et la presse, ainsi que sa posture de commentateur de sa propre action, agacent fortement. Surtout, le contenu du livre est explosif. Le chef de l'État critique la "lâcheté" des magistrats, égratigne les footballeurs "passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes", s'épanche sur sa vie privée et son refus d'officialiser sa liaison avec l'actrice Julie Gayet. Il dévoile également avoir ordonné quatre exécutions ciblées à l'étranger, probablement des terroristes, s'attirant les foudres de la droite mais aussi de son propre ministre de la Défense, qui s'indignent de voir des secrets d'État ainsi rendus publics. Même les proches de François Hollande restent perplexes devant un tel déballage.
Janvier 2017 : L'Abdication, Aquilino Morelle
Plume de François Hollande pendant la campagne de 2012, Aquilino Morelle devient ensuite conseiller à l'Élysée avant d'être évincé en avril 2014. Une polémique autour d'un conflit d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique l'oblige à présenter sa démission. Et de toute évidence, cet ancien très proche du président n'a pas digéré cette mise sur la touche. Dans L'Abdication (éd. Grasset), il dresse un portrait peu élogieux de François Hollande. Celui-ci apparaît comme un homme très seul, qui a menti aux Français en faisant "semblant de conduire la politique [du] discours du Bourget pendant deux ans et demi". Aquilino Morelle liste aussi les renoncements du chef de l'État, de la renégociation du traité européen à la nationalisation des hauts-fourneaux de Florange. Enfin, il estime que le chef de l'État "ne voulait pas exercer le pouvoir" et est donc "toujours resté comme extérieur à la fonction présidentielle".