C’est une petite musique qu’il va falloir s’habituer à entendre dans les prochains jours. Et elle sera jouée par les membres du gouvernement. Après une séquence où la suppression de l’ISF et la baisse de la taxation sur les revenus du capital ont valu à l’exécutif d'être taxé de "gouvernement des riches", le Premier ministre et ses troupes entendent désormais faire entendre une autre partition : oui, il y a dans le budget 2018 un aspect social, avec des mesures pour les plus défavorisés. Et non, l’exécutif ne marche pas que sur sa jambe droite.
Edouard Philippe a donné l’exemple lundi matin sur Europe 1. "Derrière cette idée que ce budget serait déséquilibré, il y a soit de l’incompréhension, soit de la mauvaise foi. Il y a énormément de mesures dans ce budget qui sont destinées à améliorer et protéger la situation des plus fragiles", a affirmé le Premier ministre, qui a réuni tous ses ministres dimanche à Matignon pour un séminaire gouvernemental. Et nul doute qu’à cette occasion, ce nouveau mot d’ordre est passé. Il faut donc s’attendre dans les prochains jours à voir les membres du gouvernement mettre en avant les mesures destinées aux plus modestes. Mesures qui existent bel et bien dans le projet de loi de finances 2018.
Le relèvement de deux minimas sociaux
Le minimum vieillesse. Parmi les mesures évoquées par Edouard Philippe lundi matin figure le relèvement de l’Allocation de solidarité aux personnes âgées, ex-minimum vieillesse. Cette aide réservée aux personnes âgées ne touchant pas (ou peu) de pensions, sera augmentée de 803 à 833 euros mensuels le 1er avril 2018. Elle augmentera ensuite progressivement en janvier 2019 et janvier 2020 pour atteindre au final 903 euros pour une personne seule. Pas sûr cependant que cela fasse oublier la hausse de la CSG, qui, pour les retraités déclarant plus de 14.375 euros de revenus annuels, ne sera pas compensée.
L’allocation adulte handicapé. Autre minima revalorisé : l’Allocation adulte handicapé (AAH). Dès le 1er novembre prochain, cette aide augmentera de 49 euros, passant de 811 à 860 euros. Une nouvelle hausse est prévue un an plus tard pour que l’AAH atteigne 900 euros. Près de 1,1 million de personnes sont concernées. Par ailleurs, le plafond de revenus sera augmenté, ce qui permettra à 34.000 personnes supplémentaires d’en bénéficier. Cette hausse coûtera deux milliards d’euros sur le quinquennat.
La prime d’activité revalorisée
Difficile de donner une moyenne pour la hausse de la prime d’activité, réservée aux travailleurs percevant un revenu modeste, puisque précisément cette aide - et sa future augmentation - varie en fonction des revenus. A l’automne, elle sera revalorisée de 20 euros pour un Smic, passant ainsi de 132 à 152 euros mensuels. Sur le quinquennat, la prime augmentera de 80 euros, toujours pour un salarié au Smic. Par ailleurs, grâce à un relèvement du plafond, 65.000 foyers entreront dans le dispositif, selon Les Echos, s’ajoutant ainsi aux 2,6 millions de foyers actuellement bénéficiaires.
Des mesures pour le pouvoir d’achat
Suppression de cotisations salariales. Le gouvernement veut se faire entendre : il oeuvre pour le pouvoir d’achat des actifs. Principalement par le biais de la suppression progressive des cotisations chômeur et maladie des salariés. Une suppression prévue en deux temps : en janvier 2018 d’abord, puis à l’automne de la même année. Concrètement, un salarié au Smic verra son salaire annuel grimper de 250 euros net par an. Et plus le salaire augmente, plus le gain, mécaniquement, est important. Pour un employé payé 4.000 euros bruts par mois, ce sera un gain de 700 euros annuels. "Le transfert de pouvoir d’achat qui va être réalise pour les actifs n’a pas d’équivalent. C’est 7 milliards d’euros au global", a claironné Edouard Philippe sur Europe 1.
Suppression de la taxe d’habitation. Autre mesure phare mise en avant par le gouvernement : la suppression de la taxe d’habitation. Au total, 80% des foyers seront concernés, seuls les plus aisés devraient continuer à la payer. Cette suppression, cela dit, sera progressive, selon des modalités encore à définir. Cela pourrait être par tiers, avec trois baisses successives en 2018, 2019 et 2020. Reste surtout à définir comment sera compensé le manque à gagner pour les communes. Selon le voeu d’Emmanuel Macron, c’est l’Etat qui doit mettre la main à la poche. Mais les maires, fatalement en première ligne sur la question, sont plus que méfiants. Et, déjà, la fronde s’organise.