"L'État doit prendre sa part de responsabilité" dans la pollution au chlordécone aux Antilles et "avancer sur le chemin de la réparation", a affirmé jeudi en Martinique le président Emmanuel Macron. Le chef de l'État s'exprimait depuis une exploitation agricole de Morne rouge, à la rencontre d'un agriculteur concerné par la pollution de ses terres par cet insecticide cancérogène et perturbateur endocrinien.
Un insecticide persistant dans les sols. Le chlordécone, interdit dès 1977 aux États-Unis mais utilisé jusqu'en 1993 aux Antilles par les producteurs de bananes, est toujours présent dans les sols où il peut persister environ 600 ans et se retrouver dans certaines denrées végétale ou animale et certains captages d'eau. Selon l'agence Santé publique France, "plus de 90% de la population adulte" en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone. Le produit est soupçonné notamment d'être responsable d'une explosion des cancers de la prostate aux Antilles.
Les seuls terrains non contaminés par la chlordécone (pesticide utilisé ici en Martinique jusqu’en 1993) sont les points verts foncés. Tirons les leçons de nos erreurs passées. pic.twitter.com/qr4wCaLFMZ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 27 septembre 2018
Reconnaissance de maladies professionnelles. Emmanuel Macron a souligné en Martinique que "l'état des connaissances scientifiques (...) ne permet pas de certifier" la dangerosité de la molécule pour la santé humaine, bien que l'on "présume le lien avec les naissances prématurées, les retards de développement cérébral et d'autres pathologies". Il en conclut qu'il "ne serait pas responsable de dire qu'il y a une réparation individuelle pour tous", mais qu'il est en revanche "possible d'avancer davantage sur la question des maladies professionnelles pour les personnes particulièrement exposées à la molécule."
En conséquence, a-t-il annoncé, "la procédure d'ouverture du registre des maladies professionnelles sera engagée par le gouvernement des le 2 octobre pour le régime général (de la Sécurité sociale) et le 9 octobre pour le régime agricole". Élus locaux et population dénoncent régulièrement ce scandale sanitaire qui a déjà fait l'objet de trois plans de prévention (le dernier court de 2014 à 2020).