"On ne compose pas avec les principes. Je refuse de faire des calculs. Je n'aurai, quoi qu'il advienne, aucun regret d'avoir démissionné", a lancé Christiane Taubira samedi, invitée de l'émission de Laurent Ruquier, "On est pas couché". L'ancienne ministre de la Justice ne s'était pas exprimée devant des caméras depuis son départ du gouvernement, un geste d'opposition à l'inscription de la déchéance de nationalité pour les binationaux dans la Constitution. Combative et maîtrisant ses dossiers, mêlant poésie et textes de loi, Christiane Taubira a répondu point par point à Léa Salamé et Yann Moix, les deux contradicteurs de l'émission se trouvant souvent à court d'arguments. "Je ne sais pas qui vous renseigne", s'est même permise l'ex-ministre, qui a fini sa prestation sous des applaudissements nourris.
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"On ne parle pas dans le vacarme". "Je pense que c'est grave, je pense que c'est extrêmement lourd. Je pense que la gauche n'a pas à assumer une telle responsabilité. Je souhaite l'échec de cette disposition", a martelé l'ex-garde des Sceaux samedi soir. Sa démission ? "Une décision lourde", assure-t-elle. Elle explique son geste comme une opposition au "message que ce que nous avons de plus solide (la Constitution) n'est pas pérenne, peut s'ébranler". L'ancienne ministre est aussi brièvement revenue sur les raisons qui l'on poussée à démissionner fin janvier, plutôt que le 23 décembre 2015, jour où le projet d'inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution a été présenté en conseil des ministres. "On ne part pas dans le vacarme. Je ne voulais pas permettre la moindre ambiguïté sur les raisons de mon départ", répond-elle. "Je ne voulais pas que le tumulte des événements brouille la lecture de mon départ, notamment qu’on le lie aux pressions de la droite", déclarait-elle déjà dans Le Monde mardi dernier.
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Sur Hollande, "j'ai eu des frissons". Si elle est en désaccord sur avec lui sur la déchéance de nationalité, Christiane Taubira refuse pour autant de critiquer François Hollande. Et se montre même reconnaissant à son égard. "Je ne porte pas de jugement sur le président de la République. Lorsque le pays est dans le doute, nous avons besoin d'institutions fortes", explique l'ex-Garde des Sceaux, qui salue les "comportements et les mots" de François Hollande pendant les attentats : "j'ai eu des frissons de penser que ce puisse être un autre président à ce moment là". Interrogée sur le candidat qu'elle soutiendra en 2017, elle coupe court : "ce n'est pas le sujet". "Cette fixation sur la personne, ce n'est pas ça la gauche. La gauche, c'est le débat", martèle-t-elle, dénonçant le "bonapartisme" ambiant en France.
Christiane Taubira répond aux questions de Léa Salamé et Yann "Moi" #ONPCpic.twitter.com/iqUIxWCbpw
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"Je ne suis pas sûre d'avoir raison". L'ex-ministre est, également, revenue sur les raisons qui l'ont poussée à écrire son livre. "J'ai décidé d'écrire pour me clarifier les idées. Et au fur-et-à mesure, je me suis dit que c'était une parole qui devait être partagée. Je ne suis pas sûre d'avoir raison. Mais j'ai beau retourner le sujet dans tous les sens, je suis absolument sûre que ce qui se passe n'est pas acceptable". Accusée d'avoir un style trop "précieux" et difficile à comprendre, elle rétorque : "je ne suis pas là pour faire de la littérature".
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"Je n'ai pas avalé de couleuvres". Report de la réforme sur la justice des mineurs, loi sur le renseignement... Interrogée sur les "couleuvres" qu'elle aurait avalées, Christiane Taubira s'inscrit en faux. "Je n'ai jamais dit que j'avalais des couleuvres. Je n'en ai pas avalé. Le travail dans un gouvernement, c'est un travail d'équipe". Sur la réforme de la justice des mineurs, "le travail est fait", assure l'ex-ministre. "La réforme est prête et le calendrier (courant 2016) est annoncé", martèle-t-elle, malgré le fait que Jean-Jacques Urvoas, son successeur, refuse de l'inscrire au rang de "priorité". Il "reste la dernière phase des arbitrages", indique simplement Christiane Taubira. Sur la loi renseignement, elle refuse d'y voir une loi liberticide. "Il y a un contrôle juridictionnelle sans équivalent", assure l'ex-Garde des Sceaux. Et de citer la possibilité pour la commission nationale de contrôle de donner un avis et de saisir le Conseil d'Etat.
"On ne démissionne pas tous les matins, on se bat", assène-t-elle en réponse à ceux qui l'accusent de ne pas être partie plus tôt. Augmentation des effectifs de juges, mariage pour tous, réforme pénale... Christiane Taubira refuse de laisser dire "que son bilan se résume en une phrase". Et lorsque son propos ne convainc pas : "Je pense que si je chuchotais, peut-être que vous écouteriez plus. Dans ces hurlements, je choisis de baisser le ton".
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"Comprendre pour agir". Concernant la lutte contre le terrorisme, Christiane Taubira insiste : "il faut comprendre pour agir". Une forme de pied de nez à Manuel Valls, qui avait déclaré "expliquer, c'est déjà vouloir excuser un peu". "15% des personnes radicalisées le sont en prison. Cela veut dire que 85% des autres se radicalisent ailleurs !", martèle par exemple l'ex-Garde des Sceaux, pour qui lutter contre la radicalisation en prison ne suffira pas.