Christiane Taubira : "je n’ai jamais privé mes engagements politiques de la beauté de la littérature"

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Christiane Taubira, qui sera à l'affiche du prochain Festival d'Avignon, du 8 au 23 juillet, affirme n'être ni une littéraire, ni une femme de théâtre. Juste une passionnée de culture.

"Je ne suis pas une femme de théâtre mais une femme qui aime le théâtre, comme toutes les formes d’art", affirme Christiane Taubira dans le JDD, dimanche. Pourtant, c'est bien l'ancienne garde des Sceaux qui sera l'une des têtes d'affiche du Festival d'Avignon. Son directeur, Olivier Py, a fait appel à cette passionnée de poésie pour qu'elle écrive un feuilleton fleuve de 14 heures, qui sera joué chaque jour par des acteurs et amateurs, sur les grands textes de la démocratie.

Pas sur scène. Ne vous attendez pas toutefois à voir Christiane Taubira faire l'actrice. "Qu’on lise mes textes ou qu’on s’attende à me voir sur scène m’installe dans un certain malaise. Je croise des gens qui me disent avoir pris des congés pour venir me voir alors que je n’interviendrai que pour une espèce d’élan de deux ou trois minutes permettant aux spectateurs de saisir la thématique du jour. Ce malentendu m’angoisse…", confie-t-elle.

"Je ne suis pas une littéraire". Pour ce feuilleton théâtral, l'ancienne ministre a sélectionné des textes d'auteurs qu'elle admire, de Maya Angelou à Aimé Césaire, en passant par Virginia Woolf. Ces écrivains, Christiane Taubira les a cités à de nombreux reprises dans ses discours politiques. "Je ne suis pas une littéraire, je passe mon temps à le répéter ! En revanche, je n’ai jamais privé mes engagements politiques de la beauté et de la profondeur de la littérature. Elle m’a permis de les féconder", explique-t-elle.

Quand Christiane Taubira n'avait plus le temps de lire. Difficile donc pour cette férue de littérature d'être privée d'ouvrages. Elle raconte : "Deux mois seulement, en arrivant à la chancellerie en 2012. Je n’avais plus le temps, je rentrais tous les soirs à 23 heures avec des dossiers pour travailler. Une après-midi, j’ai dit à mon cabinet que j’en avais assez de tout ça. J’ai pris mon vélo, je suis allée dans une librairie du boulevard Saint-Germain et je suis ressortie avec deux gros sacs remplis. La nuit suivante, j’ai enfin recommencé à lire, en plus du reste. C’est d’ailleurs peu de temps après que j’ai fait un malaise lors d’un discours à Bordeaux. Je dormais une heure par nuit à cette époque".

"La littérature m'a aidée à m'accepter". La culture, au sens large, a pris une place centrale, cruciale dans la vie de Christiane Taubira. La culture, c'est ce qui l'a sauvée "de l’aliénation, du ressentiment" , confie-t-elle. "J’aurais pu être une boule de haine en découvrant seule, sans y être préparée, l’histoire de l’esclavage. La littérature m’a aidée à m’accepter telle que je suis. Elle m’a permis de sortir de ma condition immédiate et de pénétrer d’autres imaginaires. Sans elle, je n’aurais pas été aussi attentive aux autres".