C'est le dernier faux accord en date dans la petite musique déjà très dissonante de la gauche sur la déchéance de nationalité. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a exprimé mardi soir ses doutes sur la pertinence de cette mesure, contenue dans la révision constitutionnelle du gouvernement. "J'ai, à titre personnel, un inconfort philosophique avec la place que [ce débat] a pris, parce que je pense qu'on ne traite pas le mal en l'expulsant de la communauté nationale", a déclaré le patron de Bercy, invité à un événement de la Fondation France-Israël.
"Il n'est pas interdit de penser". Christophe Caresche, député socialiste favorable à la déchéance de nationalité, a minimisé la portée de ces propos, mercredi sur Europe 1. "Les interrogations doivent pouvoir exister, d'autant plus lorsqu'elles sont partagées par un tiers du groupe socialiste", a t-il estimé. "Il n'est quand même pas interdit de penser. Emmanuel Macron a un cerveau, des idées, et il n'est pas interdit qu'il les développe." Mais ce proche de Manuel Valls a néanmoins rappelé que le ministre de l'Economie était "comptable" de la révision constitutionnelle. "Le texte soumis au Parlement a été adopté par le conseil des ministres formellement. Donc Emmanuel Macron l'a adopté."
Discussion avec Manuel Valls. Pour Christophe Caresche, Emmanuel Macron "a un devoir de solidarité, comme tous les ministres". Et le député de prédire une explication entre Bercy et Matignon prochainement. "Je fais confiance [à Manuel Valls] là-dessus, ils auront sans doute une discussion." Le Premier ministre s'est beaucoup agacé des sorties régulières du patron de Bercy ces dernières semaines. Celle-ci ne devrait pas apaiser les relations déjà parfois tendues entre les deux hommes.