Le président François Hollande a fustigé mardi les "charlatans" qui "mettent en péril les connaissances les plus sûres", évoquant le réchauffement climatique relativisé par son prédécesseur et candidat à la présidentielle de 2017 Nicolas Sarkozy.
Des exemples bien choisis. Dénonçant "l'équivalence des opinions, au point de confondre parfois celles de savants et celles des charlatans", le chef de l'État, qui s'exprimait face aux représentants d'une soixantaine d'académies des sciences du monde au Louvre, a mis en garde contre les "égarements". Ceux qui, selon lui, "peuvent mettre en péril les connaissances les plus sûres, celles qui ont été patiemment et soigneusement élaborées et sur lesquelles toute la communauté scientifique s'accorde". "Prenons quelques exemples", a enchaîné François Hollande : "le réchauffement du climat ? Une exagération. L'évolution des espèces ? Une fable. Le sida ? Une punition. La délinquance ? Une fatalité génétique".
Le tollé de Sarkozy. Candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle et de plus en plus proche du favori Alain Juppé, selon les sondages, Nicolas Sarkozy a déclenché un tollé à la mi-septembre en affirmant que "l'homme n'est pas le seul responsable" du changement climatique. En 2007, il avait déjà suscité une vague d'indignation pour avoir évoqué l'existence de "fragilités" génétiques à propos de la pédophilie. "Tout est perpétuellement mis en question", a déploré François Hollande sans toutefois citer nommément son prédécesseur à l'Elysée dont il a fait implicitement ces dernières semaines son principal adversaire potentiel pour 2017.
Des "esprits chagrins". Plus largement, François Hollande, qui multiplie les discours aux accents de pré-campagne alors qu'il doit dire début décembre s'il brigue un nouveau mandat, a fustigé les "conservatismes" et les "dérives" qui "conduisent à la réaction". Une nouvelle fois, il a pointé "les esprits chagrins qui préfèrent toujours le passé" et pour lesquels "le monde court à sa perte dès lors qu'il ne correspond plus à l'idée qu'ils s'en font". "Le seul changement, pour ces esprits-là, ce serait la régression, le retour, le rétablissement de l'ordre ancien, je n'ose pas dire la restauration", a-t-il insisté.
"Le progrès est à la fois un but et une valeur". "Je veux ici réaffirmer que le progrès est à la fois un but et une valeur, c'est la raison pour laquelle la France y est attachée parce qu'il fonde un projet collectif", leur a-t-il opposé. Même s'il a concédé que "des efforts restent à faire" en faveur des sciences en France, le président de la République a vanté aussi son bilan. "Depuis 2012, je n'ai cessé d'accompagner et d'encourager" la transformation du paysage scientifique français, a-t-il soutenu.
"J'ai veillé à ce que le budget de l'Enseignement supérieur et de la Recherche soit préservé", a encore fait valoir François Hollande, soulignant qu'il atteindra l'an prochain "24 milliards d'euros soit une augmentation de 860 millions d'euros". Dans un manifeste publié à l'occasion de leur rencontre au Louvre, les Académies des sciences, réunies à l'initiative de celle de la France qui célèbre ses 350 ans, invitent la science et la société à ne pas "s'ignorer ou se combattre" mais "à évoluer en symbiose".