"Il faut en finir avec la chasse à l’homme", implore le président devant le Congrès. "Il faut arrêter d’affaiblir la ministre du Travail", reprend en écho le porte-parole du gouvernement. En quelques jours, on est passé de "circulez, y a rien à voir, Muriel Pénicaud est compétente et irréprochable" au sauve qui peut ! À une forme d’admonestation à l’endroit de la presse.
Une épée de Damoclès. Mais la chronique Business France - du nom de cet organisme que dirigeait la ministre, soupçonnée de délit de favoritisme -, est devenue impossible à enrayer. Et elle risque d’affaiblir la parole et l’autorité de celle qui porte le texte phare de ce début de législature. Une ministre qui négocie avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, une mise en examen qui viendrait la contraindre à la démission au milieu de la réforme du code du Travail. C’est l’image de renouveau, de probité et de compétence du gouvernement tout entier qui en souffrirait, un cauchemar pour le couple Macron-Philippe.
Une ministre compétente... Paradoxalement les syndicats non seulement ne se réjouissent pas du tout de cette mauvaise passe pour la ministre, mais ils redoutent eux-aussi son éventuelle mise en examen et son départ. Pourquoi ? Parce qu’ils l’apprécient. Elle connaît ses sujets dans le détail, elle en a l’expérience, elle est une ministre experte. Par exemple, elle reconnaît avec les syndicats que pour certains domaines le rôle des branches doit être renforcé quand un ministre plus politique, plus brutal, aurait pu dire : "Tout sera désormais négocié au niveau des entreprises".
... Mais politiquement fragile. Mais là où la ministre risque d’être particulièrement éreintée, c’est sur le plan politique, à l’Assemblée, à partir du 10 juillet, pour défendre les ordonnances. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ne la lâchera pas, ses députés utiliseront l’affaire Business France pour l’affaiblir. Tous les coups seront tentés pour défendre le petit livre rouge du code du Travail. Les communistes, et certains socialistes devraient joindre leurs voix aux insoumis, mettant en accusation la ministre devant un tribunal politique, avec l’espoir de la décrédibiliser et de réveiller la colère d’une partie de l’opinion public.