Najat Vallaud-Belkacem et Bruno Le Maire ont débattu de la réforme du collège, jeudi sur Europe 1 et iTELE avec Le Monde.
"Un coup de force". C'est ainsi que Bruno Le Maire a qualifié la publication par le gouvernement, mercredi, du décret d'application de la réforme du collège. Le député UMP de l'Eure a débattu de sujet avec Najat Vallaud-Belkacem, jeudi sur Europe 1 et iTELE avec Le Monde.
La ministre de l'Education nationale a, pour sa part, justifié la publication du décret. "Ce décret d'application de la réforme du collège a fait l'objet de négociations nombreuses avec les organisations syndicales", a-t-elle expliqué. "Il est tout à fait naturel que ce décret d'application soit publié" car "nous avons besoin de nous mettre au travail immédiatement", a-t-elle avancé.
Pendant près d'une heure, Najat Vallaud-Belkacem et Bruno Le Maire sont revenus sur les points de la réforme qui font polémique.
#CLASSES BILANGUES
Bruno Le Maire a d'abord critiqué la suppression des classes bilangues prévue par la réforme. "Je ne vois pas pourquoi vous supprimez quelque chose qui marche si bien, qui a permis à des centaines de milliers d'élèves de maîtriser parfaitement les langues", a dénoncé l'ancien ministre de l'Agriculture. Pour lui, "c'est de l'idéologie". "Plutôt que de réserver les classes bilangues à 15% d'élèves, nous offrons à tous les collégiens la possibilité de les apprendre en classe de 5e", a rétorqué Najat Vallaud-Belkacem.
#INTERDISCIPLINARITÉ
La réforme prévoit la mise en place d'enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), une disposition vivement critiquée par Bruno Le Maire. "Avant de faire de l'interdisciplinaire, Mme Vallaud-Belkacem, faites de la discipline !", a lancé le député UMP. "Les enseignements pratiques interdisciplinaires, ce n'est pas des enseignements gadgets", s'est défendue la ministre de l'Education nationale. "Ce sont des moments où on apprend les fondamentaux de façon différente", a-t-elle fait valoir, "pour être moins passif". En effet, "la passivité est un problème au collège", a-t-elle martelé.
#HISTOIRE
Parallèlement à la réforme du collège, la réforme des programmes prévoit notamment des modifications dans le cursus d'histoire au collège. "Il y a dans ces programmes une vision idéologique que je conteste farouchement", s'est exclamé Bruno Le Maire. "Enseigner l'histoire, ce n'est pas apprendre à nos enfants à se défier de l'histoire de France et de notre mémoire nationale. C'est au contraire donner à nos enfants le sentiment d'appartenir à un récit national". Et le député d'enfoncer le clou : "je suis contre le fait de reléguer à l'arrière-plan des enseignements fondamentaux comme les Lumières et de mettre au premier plan l'apprentissage des heures moins glorieuses de l'histoire de France".
En face, Najat Vallaud-Belkacem a rappelé qu'une consultation était actuellement menée auprès des enseignants à propos des nouveaux programmes. "C'est important de comprendre la singularité de la France, mais la France dans le monde", a-t-elle insisté. "Dans l'enseignement de l'histoire, nous devons veiller à ne rien laisser de côté". Pour elle, "on ne va pas occulter des périodes de l'histoire au motif qu'elles nous feraient mal". La ministre a admis que les programmes élaborés par le Conseil supérieur des programmes comportaient "certains défauts". "Il faut qu'ils soient clairs pour tout le monde", a-t-elle affirmé.
#INÉGALITÉS
Najat Vallaud-Belkacem a justifié sa réforme par les "inégalités sociales tellement prononcées au collège qu'en réalité, les enfants des classes populaires s'autocensurent et n'osent pas rêver de réussite". "Ça, c'est du nivellement par le bas", a ajouté la ministre. "Les inégalités sociales, vous lutterez contre en permettant à chaque enfant de maîtriser les disciplines fondamentales", a de son côté fait valoir Bruno Le Maire. "Il n'y a pas pire inégalité que l'égalitarisme, le nivellement par le bas que vous êtes en train de proposer avec votre réforme du collège".