Le naufrage électoral des Républicains depuis les élections européennes déclenche plusieurs initiatives qui ont pour effet d’accélérer les mutations à droite. Selon la formule d’un responsable du parti, Laurent Wauquiez est "assigné à résidence" au siège du parti par Gérard Larcher. Le président du Sénat prend la main depuis dimanche soir, mais il se préparait déjà depuis quelques temps à déclencher une initiative contre Laurent Wauquiez qui a le plus grand mal à susciter de l’adhésion parmi les dirigeants de LR.
Homme de synthèse, comme il aime se définir, Gérard Larcher veut créer une plateforme rassemblant la droite et le centre en dehors de LR, sur la base des présidents de région et de départements. C’est aussi une urgence pour lui : il doit empêcher l’hémorragie des sénateurs LR qui pourrait déstabiliser sa majorité au sein de la chambre haute. Son appel a été entendu par les barons de la droite avec une conséquence un peu surréaliste : Laurent Wauquiez, président de la région Rhône-Alpes-Auvergne, sera présent dans une réunion dont la cause est… les mauvais choix de Laurent Wauquiez patron de LR.
La jeune garde du parti entre également en scène. Des députés comme Aurélien Pardié dans le Lot où Pierre Henri-Dumont dans la Pas-de-Calais ne veulent pas laisser aux aînés le monopole du chœur des critiques. Les jeunes élus ciblent le président du parti et font pression sur Laurent Wauquiez pour qu’il accepte un comité de renouvellement.
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Prendre le leadership de la droite
Laurent Wauquiez clamait qu’il avait trois ans pour redonner l’espoir. Lâché par les jeunes, traqué par les aînés, il ne sait même pas désormais s’il disposera de trois semaines. Car même si Laurent Wauquiez reste à ce stade sourd aux multiples appels à sa démission, le projet des principaux ténors de la droite est très clair : le dévitaliser, l’obliger à organiser des primaires pour désigner le candidat à la présidentielle de 2022. Et d’ici là, on peut compter sur la créativité de la droite en matière de division.
Les appétits sont aiguisés depuis quelques jours. Ils sont plusieurs à lorgner cette nouvelle plateforme en train d’être constituée en dehors de LR. Avec en premier lieu Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, en bons termes avec Gérard Larcher. Il a été à la fois le plus direct et le plus dur avec Laurent Wauquiez au téléphone après les élections. "Tu as un problème de sincérité, ton image pose problème aux Français", lui a-t-il asséné. Bruno Retailleau se verrait bien en leader d’une droite post-Wauquiez. Il a souvent expliqué et même écrit qu'une refondation politique et stratégique de la droite était une urgence. En regardant plus loin, il veut aussi se mettre en situation de succéder un jour à Gérard Larcher à la présidence du Sénat.
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Ambitions présidentielles
Et puis, il y a également ceux dont la voix compte d’autant qu’ils restent discrets. François Baroin par exemple : le président de l’Association des maires de France n’a jamais écarté la possibilité de jouer un rôle de premier plan. Il ne l’a jamais saisi non plus, préférant finalement se rallier à François Fillon alors qu’il était en train de couler en 2017. Autre discret : Guillaume Peltier, le vice-président de LR qui attend son heure. Quand à Valérie Pecresse et Xavier Bertrand, qui préparent tous deux une candidature présidentielle, leurs stratégies divergent. L’un se tient loin du parti mais près du téléphone et parle avec tous les responsables. L’autre est au cœur de la machine et veut affronter Laurent Wauquiez en interne. D’une génération à l’autre, ce principe en politique est confirmé : l’union est un combat mortel.