Entre deux journées de mobilisation contre la réforme des retraites, Édouard Philippe reçoit les organisations syndicales pour la conférence de financement du système à points. Au-delà de se mettre d'accord sur un calendrier, l'objectif du gouvernement est de trouver une solution de sortie de crise.
Au lendemain d'une quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, et à la veille d'un samedi qui risque également de voir de nombreux Français battre le pavé contre l'instauration d'un régime à points, c'est un nouveau round de discussions qui s'ouvre ce vendredi à Matignon. Le Premier ministre Édouard Philippe reçoit les syndicats pour évoquer une question épineuse : le financement. Ils doivent se mettre d'accord sur le calendrier, avec un objectif, arriver à amorcer une sortie de crise.
Pour Matignon, un compromis est possible
Les positions ne sont ni "incompatibles", ni "irréconciliables". À Matignon, on veut croire qu'un compromis est possible avec les syndicats réformistes. L'exécutif estime avoir fait un pas en direction de la CFDT en acceptant la conférence sur le financement voulue par Laurent Berger. Ce nouveau rendez-vous devra avoir lieu rapidement, pour que ses conclusions soient intégrées avant le vote définitif du texte.
Sauf que, d'ici là, le gouvernement ne compte pas reculer sur l'âge pivot : "Ça reste pour nous la meilleure solution pour financer le système", martèle Matignon. Dans la nuit de jeudi à vendredi, on apprenait ainsi que les deux projets de loi adressés jeudi soir aux caisses de Sécurité sociale, gravent dans le marbre de la loi une règle "obligeant" à prévoir l'équilibre financier du futur système "universel" de retraite par points, mais aussi un "âge d'équilibre". Cet âge pivot sera instauré dès 2022, à moins d'une "délibération" différente avant septembre 2021 entre partenaires sociaux
Même en cas de compromis, la sortie de crise n'est pas assurée
"On ne peut pas l'enlever, c'est devenu un totem. Mais il peut être adapté" assure un ministre, alors que Gérald Darmanin affirmait jeudi dans la presse que la mesure était "juste et efficace". Le gouvernement se dit ouvert à d'autres solutions qui pourraient venir de la conférence de financement. Jeudi soir, dans "Le Grand journal du soir" d'Europe 1 Gabriel Attal déclarait même sur notre antenne qu'il sentait que "le compromis est à portée de main".
Mais, même s'il s'avère que le secrétaire d'État auprès du Ministre de l’Education Nationale a raison, la sortie de crise n'est pas garantie : "le vrai problème, c'est la distorsion entre les leaders et la base, un accord peut être rejeté quelques heures plus tard", détaille un autre ministre.
Quant aux syndicats qui refusent en bloc la réforme, avec eux, le problème restera entier. En sortant de la réunion de vendredi avec Édouard Philippe, Philippe Martinez, le patron de la CGT, l'a d'ailleurs confirmé : "L'âge pivot est un faux problème. Il existe déjà. L'âge d'équilibre, l'âge moyen de départ à la retraite est déjà à 63,5 ans. Cela veut bien dire que les gens ne peuvent déjà pas partir plus tôt". En clair, même un retrait de cette mesure polémique ne suffirait pas à convaincre son syndicat, opposé à la réforme dans son ensemble.