Le nouveau pouvoir organise lundi au Sénat la première Conférence des territoires, avec les élus locaux des communes, départements et régions. Un rendez-vous qui faisait partie des promesses de campagne d'Emmanuel Macron et qui a vocation à devenir semestriel. "Tout le problème est de savoir si cette conférence est un grand machin avec radios et télévisons, ou s'il y un programme de travail avec des choses concrètes. On a, nous les départements, beaucoup de problèmes, mais aussi les communes et les régions", pointe lundi, au micro de la matinale d'Europe 1, Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France.
Des collectivités en crise. "Est-ce que l'on a un Etat qui discute ou un Etat qui impose ? On va voir aujourd'hui la méthode Macron et la méthode Philippe", relève celui qui est également le président LR du Conseil départemental de la Charente-Maritime. L'exécutif est particulièrement attendu sur les questions de budget, avec un effort de 10 milliards d'économies demandé aux collectivités mais aussi la suppression de la taxe d''habitation pour 80% des ménages. Pour Dominique Busserau, "il faut clarifier les situations financières". "Nous, les départements, on n'arrive plus à payer le RSA, certains départements, cette année, n'ont pas payé le RSA aux caisses d'allocation familiale", explique-t-il.
Une pomme de discorde. Concernant la suppression de la taxe d’habitation, l'élu dénonce, comme l'opposition de droite, une menace pour l'indépendance financière des collectivités. "C'est l'article 72 de notre constitution : la libre administration des collectivités locales. Remettre en cause l'une des ressources principales des communes qu'est la taxe d'habitation, ça pose le problème de l'autonomie de ces communes", souligne-t-il. Dominique Bussereau plaide toutefois pour une clarification des questions fiscales, devenues trop complexes selon lui. "Si pendant un quinquennat on pouvait tranquillement remettre à plat la fiscalité locale, qu'elle soit compréhensible, que l'on sache ce que l'on paye pour sa commune, son département et sa région", plaide-t-il.
Un chef d'Etat très attendus par les élus de terrain. Ce député relève également le scepticisme d'une partie des élus locaux à quelques heures de cette conférence. En cause : le manque d'expérience de terrain d'Emmanuel Macron, à l'inverse de ses prédécesseurs à l'Elysée. "On a un président qui n'a jamais été un élu local. Giscard avait été maire, François Mitterrand maire et président de département, Jacques Chirac et François Hollande également", rappelle-t-il. "Donc, ce président, qui ne s'est jamais attaché aux réalités locales, qui n'a jamais eu à régler un problème de sortie d'école, de vitesse dans le village ou de dispute entre voisins, est plus attendu qu'un autre parce que l'on a une petite réticence".