Depuis ce vendredi matin 8 heures, les adhérents LR votent pour le second tour du Congrès qui a vu Valérie Pécresse et Eric Ciottis'imposer au premier tour. A la surprise générale, le très droitier député des Alpes-Maritimes est arrivé en tête du scrutin, avec 25,6% des voix. On saura demain samedi à 14 heures qui de Valérie Pécresse ou d'Eric Ciotti défendra les couleurs de la droite à l'élection présidentielle.
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Rien n'est joué d'avance
C’est le dernier kilomètre de ce marathon des primaires de la droite, avec un casting des finalistes qui a bousculé bien des pronostics, si on se remémore ce qui se disait il y a seulement trois mois. Et même si on avait observé la montée d’Eric Ciotti au fil de la campagne, même si on avait constaté la glissade de Michel Barnier après son démarrage prometteur, ce vote des militants LR est un utile rappel que, dans une élection, rien n’est jamais joué d’avance. C’est la première leçon de ce scrutin.
Le deuxième enseignement, c’est que la droite qui vient de gagner est une droite qui s’assume. Aussi bien Eric Ciotti que Valérie Pécresse ont déroulé un programme de rupture, avec des engagements forts en matière de sécurité, d’immigration, de fiscalité ou d’éducation. Et le fait que le député Ciotti vire en tête du dernier virage, lui qui revendique un positionnement très à droite, renforce encore le message envoyé par les militants dans ce sens.
La droite décomplexée victorieuse
Ce constat est en partie lié à la candidature d'Eric Zemmour. Depuis des semaines, la percée du désormais candidat a installé très haut dans le débat le thème de l’immigration et de la sécurité. Aucun autre candidat n'était allé aussi loin dans les mots et les propositions.
Et puis, personne à droite ne peut plus ignorer que le cumul de voix Le Pen-Zemmour dans les sondages se chiffre à environ 35% des voix. C'est le signe que la société française est en demande. Elle met d'ailleurs ces sujets dans le top 3 de ses préoccupations. Les cinq candidats à la primaire LR ont donc, assez naturellement, amendé leurs programmes en conséquence. C’est Eric Ciotti qui a été le plus loin (conformément à son positionnement historique). Mais Valérie Pécresse n’a pas été en reste.
La fidélité paie
Les deux finalistes ont en fait défendu, en poussant le curseur plus ou moins loin, un programme libéral : baisse des impôts, baisse de la dépense publique, durcissement de la politique sécuritaire et de la lutte contre l’islamisme. C’est d’ailleurs très frappant de constater que tant Valérie Pécresse qu’Eric Ciotti étaient de fervents soutiens de François Fillon, il y a cinq ans. Et dans sa campagne pour la primaire, Eric Ciotti ne s’est pas privé de rappeler qu’il avait été fidèle jusqu’au bout, qu’il était présent au dernier meeting de Fillon - le fameux rassemblement du Trocadéro. C’est la troisième leçon du scrutin d’hier. Cette droite-là n’est pas morte. Une partie d’entre elle est partie chez Emmanuel Macron (c’est le cas encore cette semaine de Christian Estrosi, le maire de Nice), une autre partie s’est laissé séduire par Marine Le Pen puis par Eric Zemmour, mais il reste un socle puissant au sein des Républicains.
Cette résurgence de la "droite Fillon" explique en partie l'échec de Xavier Bertrand, Michel Barnier et Philippe Juvin. Le médecin était le plus à gauche sur l'échiquier des Républicains. Il accusait un déficit de notoriété, que n’a pas effacé sa très bonne campagne. Xavier Bertrand, qui est le grand perdant de cette longue séquence des primaires, a certainement payé d’avoir un jour bruyamment déchiré sa carte du parti. Et Michel Barnier doit s’en vouloir de n’avoir pas fait une campagne à la hauteur de ses espoirs. Mais c’est vrai, les trois perdants étaient les moins "fillonistes" du lot. Ce n’est probablement pas un hasard.
La droite finalement réunie
Depuis ce vendredi matin 8 heures, les militants votent pour le second tour du Congrès LR. Ils ont jusqu'à samedi 14 heures pour voter. Si l'on additionne les ralliements en faveur de Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France est censée l'emporter mathématiquement. Mais je vous rappelle la première leçon : rien n’est jamais joué d’avance. Ce que disent ces ralliements, c’est que, contrairement à ce qui s’était passé en 2016, la droite a une chance de sortir unie de ces primaires. C’est la quatrième leçon de ce scrutin, et il y a de bonnes chances pour qu’Emmanuel Macron l’ait observée de très près.