Dans un entretien au "Point" publié mercredi, le chef de l'État Emmanuel Macron raconte la manière dont il gère au jour le jour la crise du coronavirus, et se justifie sur les décisions prises pour endiguer la propagation de l'épidémie. Ce faisant, il réaffirme son goût pour un Etat fort.
Deux jours après son allocution, Emmanuel Macron parle de nouveau. Cette fois-ci, pas question de s'adresser aux Français devant leur téléviseur, mais le chef de l'État s'entretient avec deux journalistes du Point dans un article publié mercredi. L'occasion pour lui de justifier les décisions prises depuis le début de la crise du coronavirus, alors que les oppositions continuent de refuser l'union sacrée derrière lui. Et, surtout, de vanter les mérites d'un Etat fort.
"J'ai toujours cru en l'État"
Depuis plusieurs semaines, la crise sanitaire s'est doublée d'une crise économique amenée à durer. Elle concerne déjà, en premier lieu, huit millions de Français aujourd'hui au chômage partiel. "Qu'avons-nous fait ? Peu le soulignent, mais nous avons, si j'ose dire, nationalisé le paiement des salaires", lance Emmanuel Macron. "Cela n'a jamais existé dans l'histoire économique contemporaine." Avec la crise du coronavirus, de fait, l'État a pris une ampleur inédite par temps de paix, en France, dans l'ère contemporaine.
Alors Emmanuel Macron a-t-il dû se résoudre à voir son libéralisme contraint par cette nouvelle donne ? Il s'en défend dans les colonnes du Point. "Il se trouve que j'ai toujours cru en l'État", affirme-t-il. "Certains me le reprochent d'ailleurs beaucoup. On voit aujourd'hui l'État dans ce qu'il a de plus fort, et on le voit aussi dans certaines de ses faiblesses." Un élément qui fait écho aux "failles" qu'il dénonçait dans son allocution de lundi.
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Un président "colbertiste" ?
Pour son entourage, voir un changement de politique est une erreur de lecture. Bien avant la crise sanitaire, un proche du chef de l'État soulignait déjà auprès d'Europe 1 : "Le Président est un colbertiste (doctrine prônant le protectionnisme et l'interventionnisme de l'État dans l'économie, NDLR). Il croit dans la puissance publique et à l'État-stratège." Qu'importe que beaucoup, notamment à gauche, lui reprochent d'avoir affaibli la puissance publique depuis son élection en 2017.
Dans cet entretien au Point, Emmanuel Macron évoque enfin les contours de l'après-confinement et l'impact de la crise sur sa manière de gouverner. "Ce moment ébranle beaucoup de choses en moi. (…) J'ai beau forger des convictions, elles ne seront rien si je ne suis pas en capacité de les partager. J'ai d'ailleurs parfois échoué à le faire. Si vous n'emmenez pas les Français avec vous, c'est lettre morte. J'ai demandé des choses au pays et il l'a fait. J'échange énormément et je réfléchis avec beaucoup d'humilité à la suite. Il y aura des émergences et des continuités. L'enjeu des prochains mois sera d'établir des certitudes et des actions dont certaines seront rapides." Avec un État toujours surpuissant ?