L'avocat Robert Bourgi, qui avait offert à François Fillon des costumes de luxe, déclare avoir subi "des pressions d'ordre politique" pour "mentir" de la part du candidat de la droite à la présidentielle Fillon et de son camp, dans un entretien publié vendredi par Mediapart.
Il a quitté Paris pour Beyrouth. "J'ai été soumis - du moins, on a tenté de me soumettre - à des pressions d'ordre politique", dénonce cette ancienne figure de la "Françafrique", qui dit avoir quitté Paris et s'être retiré à Beyrouth pour éviter "la charge médiatique" après les révélations en mars sur cette affaire. "François Fillon et sa très grande papesse de la communication, Anne Méaux, ont souhaité que je ne dise rien concernant l'identité de la personne qui a offert les costumes : moi", raconte Robert Bourgi, qui précise avoir "eu personnellement à plusieurs reprises" le candidat.
Des costumes à 13.000 euros. "Je leur ai demandé pourquoi. Ils m'ont dit : 'Tu sais, c'est la Françafrique, on va penser que...'", poursuit-il, regrettant avoir "été contraint pendant une semaine de mentir". Le 16 mars, le parquet national financier a élargi l'enquête sur de possibles emplois fictifs, qui a valu à François Fillon d'être mis en examen en pleine campagne présidentielle, à des soupçons de trafic d'influence pour éclaircir les conditions dans lesquelles des costumes achetés pour une valeur de 13.000 euros chez Arnys, un tailleur parisien des quartiers chics, ont été offerts au candidat.
Fillon "était un client fidèle" d'Arnys. Dans Mediapart, Robert Bourgi explique avoir offert à François Fillon deux costumes payés 13.000 euros "pour sa victoire à la primaire de la droite". "Il ne le savait pas" à l'avance et "en avait d'ailleurs été très touché", rapporte l'avocat. Il lui avait déjà offert "un blazer bleu marine et un pantalon gris", "en 2014, pour Noël", ajoute-t-il, soulignant que l'ex-Premier ministre "était un client fidèle" d'Arnys.
Après les révélations sur ces cadeaux, François Fillon avait reconnu avoir "eu tort" d'accepter ces costumes et assuré les avoir rendus. "Ils sont entre les mains de la police", "je ne vais pas garder cela chez moi!", précise Robert Bourgi, qui explique s'être "énervé" quand le candidat l'a présenté dans des médias comme "un homme âgé, dégagé de toute responsabilité".