Après la Martinique et la Réunion, la Guadeloupe est repassée sous confinement mercredi soir avec un couvre-feu à partir de 20 heures, afin d’enrayer une flambée brutale des contaminations au Covid-19, sous l’effet du variant Delta. "Les chiffres ont une évolution très défavorable et le confinement apparaît comme l'une des solutions", a défendu jeudi, au micro d’Europe Matin, Olivier Serva, le député LREM de Guadeloupe et président de la délégation aux Outre-mer à l’Assemblée nationale.
Les déplacements dans l’archipel sont limités à un rayon de 10 km autour du domicile, et les restaurants, cafés et bars sont de nouveau fermés. En revanche, certains magasins restent ouverts avec l'application d'une jauge pour en limiter la fréquentation. "C'est un confinement plus light que celui qu'on avait connu en mars 2020", concède notre invité. "Il est à peu près accepté, relativement bien vécu par les populations", assure-t-il. "Bien évidemment, les professionnels du tourisme, de la restauration et du monde du spectacle en souffrent beaucoup. Mais je crois que c'est le prix à payer pour sauver des vies et éviter qu'il y ait une catastrophe sanitaire plus importante."
Un système hospitalier fragile
Alors que les cas de Covid-19 ont été multipliés par dix en trois semaines en Guadeloupe, la crainte des autorités porte surtout sur les hôpitaux, qui pourraient se retrouver très rapidement à saturation. "Nous sommes un territoire insulaire. Les évacuations sanitaires ne sont pas évidentes, d'autant plus que le territoire hexagonal, la Martinique et la Guyane, sont aussi dans des situations très tendues", rappelle Olivier Serva. "On doit pouvoir compter sur nous-mêmes et on doit pouvoir faire avec les possibilités médicales sur place."
Une défiance très marquée face à la vaccination
Le faible taux de vaccination sur l'archipel – seulement 18% de la population est entièrement vaccinée – soulève également la question d’une réticence locale face aux vaccins. Pour Olivier Serva, elle est liée à une certaine défiance vis-à-vis de l’Etat, du fait notamment de l’histoire récente et tourmentée de la Guadeloupe.
"Les populations des Antilles, de la Guadeloupe, de la Martinique ont subi plusieurs choses. Par exemple, elles ont subi la pollution à la chlordécone. Pendant des années, l'Etat et les pouvoirs économiques ont indiqué que la chlordécone n'était pas dangereuse pour la santé. Au final, nous avons des terres polluées pour 600 ans", dénonce l’élu. "Des hommes et des femmes, aujourd'hui, meurent du cancer de la prostate, du col de l'utérus et de malformations, alors même qu'il y a encore quelques années, l'État et les pouvoirs économiques nous disaient que ça n’était pas dangereux."
Olivier Serva évoque également "les tergiversations du discours étatique" sur l’utilité des masques au début de la pandémie, et qui ont, selon lui, ébranlé la confiance de ces territoires dans la campagne vaccinale.
"Une obligation vaccinale déguisée"
Le député LREM doute également que ce nouveau tour de vis sanitaire puisse pousser les Antillais à aller se faire vacciner plus massivement. "J'ai discuté avec un paquet d'associations qui sont dans la rue aujourd'hui. Elles disent toutes qu'elles n'ont rien contre le vaccin, par contre, elles ont tout contre une obligation vaccinale déguisée", rapporte-t-il. "Il faut de la concertation. Il faut de l'explication. Il faut des mesures adaptées pour que les personnes aillent se faire vacciner de bon gré, une fois qu'on les aura respectées, qu'on les aura mises en confiance. Ça n'est pas le cas aujourd'hui", conclut-il.