Un amendement du gouvernement visant à lever le secret médical des élèves afin de connaître leur statut vaccinal a été adopté par l'Assemblée dans la nuit de mercredi à jeudi. Une mesure qui a créé la controverse dans l'hémicycle et au-delà. Invitée de Romain Desarbres dans Europe Midi, la président de la FCPE a fustigé cette décision.
L'Assemblée a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi un amendement du gouvernement qui concerne la connaissance du statut vaccinal des élèves par les directeurs d'écoles ou les chefs d'établissement du second degré. La mesure vise à "faciliter l'organisation de campagnes de dépistage et de vaccination et d'organiser des conditions d'enseignement permettant de prévenir les risques de propagation du virus" et donc in fine les fermetures de classe.
Cet amendement avait déjà été déposé cet été par l'exécutif, mais n'avait pas été adopté. Tout dépendra donc désormais de la deuxième lecture. "Vous ouvrez une brèche impensable dans un secret (médical à l'école, ndlr) qui doit être conservé", a fustigé le député LR de la Manche, Philippe Gosselin, à l'unisson avec les autres oppositions.
Conseiller aux parents de faire vacciner leurs enfants
Il doit concrètement permettre aux chefs d'établissement du premier et du second degré de connaître le statut virologique et vaccinal de leurs élèves. Jusqu'à maintenant, seule l'assurance maladie avait accès à cette donnée, sous couvert de la protection du secret médical. Au primaire, cela permet donc de savoir qui est positif et qui est cas contact.
Une information plus que précieuse, d'autant que dans le nouveau protocole qu'expérimente le gouvernement dans dix départements, dès l'apparition d'un cas, on teste, mais on ne ferme plus la classe. Pourtant sur le terrain les directeurs d'établissements estiment que la situation est plus compliquée puisqu'ils ne peuvent se fier qu'à la déclaration sur l'honneur des parents, sans aucun contrôle des résultats
Au second degré, l'utilité est surtout de savoir qui est vacciné. La règle étant que s'il y a un cas de Covid, les élèves qui le sont peuvent rester en classe. L'objectif premier est donc de faciliter les campagnes de vaccination. Le principal ou le proviseur, nous dit-on rue de Grenelle, serait seul au courant avec le médecin scolaire et pourrait discrètement écrire aux parents ou les appeler pour leur conseiller de faire vacciner leurs enfants. Le directeur conserverait alors les données médicales pendant une année scolaire pour la vaccination et deux mois pour les tests. Une requête qui n'a pourtant pas été formulée par le syndicat des directeurs d'établissements, le SNPDEN, qui estime même que le risque est de mettre les personnels dans des situations délicates vis-à-vis des familles.
"Une pression inadmissible"
Un avis que partage la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), qui s'oppose radicalement à cette mesure. C'est ce qu'a expliqué sur Europe Midi, Nageate Belahcen, sa présidente. "On est sur une levée du secret médical pour des mineurs, qui est un droit en France. Et aujourd'hui, sous prétexte de la pandémie, on retire ce droit fondamental aux élèves et aux familles. On ne peut pas se permettre de stigmatiser ainsi une partie des enfants", a-t-elle d'abord soulevé.
"Il faut également rappeler que le vaccin contre le Covid-19 n'est pas obligatoire. Donc on va stigmatiser une partie des élèves parce que leurs parents ont fait le choix et ont tout simplement la liberté de ne pas les faire vacciner. Et en plus, on va leur mettre une pression supplémentaire tout à fait inadmissible", a poursuivi la présidente de la FCPE. Enfin, elle a regretté la défiance du gouvernement envers les parents. "Une responsable du gouvernement a insinué que ces derniers mentent sur les déclarations d'honneur et ce n'est pas entendable", a-t-elle réagi en référence aux propos de la députée LREM Aurore Bergé.