Emmanuel Macron 0:59
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Hadrien Bect, édité par , modifié à
Initialement programmée jeudi, l'interview accordée par Emmanuel Macron au média en ligne Brut a été décalée à vendredi après-midi en raison de la mort de Valéry Giscard d'Estaing. Lors de cet échange fleuve de deux heures, le chef de l'État va chercher à renouer le fil, endommagé, avec la jeunesse.
DÉCRYPTAGE

Dans un contexte marqué par l’épidémie de coronavirus et la contestation des violences policières, Emmanuel Macron donnera une longue interview au média en ligne Brut, vendredi après-midi, à 16 heures. "C'est dur d’avoir 20 ans en 2020", avait fait remarquer le chef de l'État lors de l'une de ses allocutions, le 14 octobre dernier. Décalée en raison de la mort de Valéry Giscard d'Estaing, cette interview en ligne, accordée à un média pas vraiment traditionnel mais prisé des plus jeunes, n'est pas une première, mais presque.

On sera bien loin de l'interview d’Emmanuel Macron dans les salons ou la salle des fêtes du palais de l'Elysée. Cette fois, le chef de l'État se rendra dans les locaux de nos confrères de Brut, à Paris. Ce n’est pas un hasard : à public différent, lieu différent. On parle de deux heures d’interview, dont 1h30 face à trois journalistes de Brut, dont Rémy Buisine, qui a été molesté par des policiers place de la République la semaine dernière.

Sujets brûlants

Suivra une demi-heure de réponse aux questions des internautes, envoyées ces derniers jours et triées par Brut. Cette interview est en gestation depuis la rentrée, car le chef de l'État sent bien qu’il doit parler aux jeunes. Face à la crise sanitaire se trouve une génération sacrifiée. "On a eu un discours trop culpabilisant sur l’épidémie", déplore un ministre. Emmanuel Macron aura plusieurs abcès à crever : l'écologie, qui a mobilisé une partie de la jeunesse, les discriminations et donc les violences policières. 

Le chef de l'Etat ne pense pas qu'à répondre aux attaques sur les sujets brûlants. Il s’agit notamment de maintenir le fil avec la jeunesse, dont la relation avec Emmanuel Macron n’a pas toujours été fluide. Il faut se rappeler du "je traverse la rue et je vous en trouve, du travail", adressé à un jeune horticulteur en septembre 2018.

Le paradoxe de Macron

Au sein de l’exécutif, on a parfois le sentiment que les mesures prises n’ont pas imprimé, alors que la baisse de 5 euros des APL en 2017 a marqué au fer rouge le début du quinquennat du chef de l'État. Paradoxe d’un président élu très jeune - plus jeune que Valéry Giscard d'Estaing -, mais qui se retrouve parfois dans la même incompréhension qu’un Jacques Chirac ou qu’un François Mitterrand vis-à-vis de la jeunesse, à vanter la rénovation énergétiques des bâtiments alors que des lycéens défilent pour sauver le climat.

" Les parents et les grands parents, eux, ils votent "

Il est vrai que la jeunesse vote peu et pas forcément pour Emmanuel Macron, "mais les parents et les grands-parents, eux, ils votent", observe un conseiller ministériel. Le chef de l’État l’a bien compris, en vue de 2022 : autant essayer d’avoir la jeunesse avec lui que contre lui.