Quelles relations franco-américaines après l'annulation du "contrat du siècle" le mois dernier ? Gérard Araud, ancien ambassadeur des États-Unis, a donné quelques pistes de réflexion lors de l'interview politique de Jean-Pierre Elkabbach ce dimanche après la rencontre d'Emmanuel Macron et de Joe Biden à Rome samedi. Sur le fond, "un président français se doit d'avoir des bonnes relations avec le président des États-Unis qui, après tout, est la personne la plus puissante au monde" a-t-il affirmé. Selon lui, le président français avait réussi à le faire avec Donald Trump, il "se devait de le faire avec Joe Biden" même s'il s'attendait à "quelqu'un de plus favorable aux Européens". Mais il "fallait surmonter le traumatisme de l'affaire des sous-marins".
Pas d'excuses formelles
Les déclarations du président américain suite à la rencontre sont allées aussi loin que possible pour l'ancien diplomate. Il n'a pas présenté des excuses, car "un président ne présente jamais d'excuses" a rappelé Gérard Araud, mais s'en est "rapproché". L'affaire des sous-marins est "une gaffe américaine, pas une volonté de nuire aux Français", elle "a entraîné un certain réveil des Américains" sur le travail à faire avec les Européens. "Cette visite de Joe Biden est assez substantielle vis-à-vis des Européens, et peut-être que les Américains se réveillent suite à l'affaire des sous-marins", a-t-il insisté sur la politique européenne américaine.
Mais que représente la France pour Joe Biden ? Pour Gérard Araud, cette déroute interroge sur la représentation européenne aux yeux des États-Unis. "Qu'est-ce que l'Europe pèse face aux Américains ?", a opposé l'ambassadeur. "Toute la puissance américaine est en train de pivoter vers l'Asie" et l'affaire des sous-marins en est le reflet puisque "c'est avant tout une alliance australo-américaine contre la Chine". Gérard Araud rappelle que les relations sino-américaines vont structurer la géopolitique mondiale des années à venir.