François Baroin, maire LR de Troyes et président de l’association des maires de France, est sorti de son silence, lundi sur Europe 1. Il estime qu'il faut tirer les leçons de la crise et donner plus de compétences aux maires et aux élus de proximité face à un Etat "ultra-bureaucratisé".
Il s'était tenu en retrait depuis le début de la crise du coronavirus : François Baroin, maire LR de Troyes et président de l’association des maires de France, a pris lundi matin la parole sur Europe 1. "Je suis arrivé, au bout de 25 ans de politique, en étant par ailleurs gaulliste et très attaché à l'Etat, au constat d’impuissance de l’Etat dans beaucoup de secteurs. Il faut transférer beaucoup de compétences aux collectivités", a-t-il réclamé, citant notamment l'exemple de la santé.
Les maires, "plus agiles" que l’État ?
Au début de la crise, "le ministère de la Santé a réfléchi en hospitalier, au public", a estimé François Baroin. "Or, les premiers à avoir manqué de masques étaient les médecines de villes, les sages-femmes, les aides-soignants, infirmiers. Donc les maires ont distribué des masques à tous ces personnels qui auraient dus être servis par le ministère", a ajouté le maire.
"Le ministère de la Santé est en silo, avec des ARS et des gens pleins de bonne volonté et sûrement très compétents, mais ce ne sont pas des logisticiens. Une bataille comme ça est une affaire de logistique", a estimé François Baroin. Or, selon lui, "les maires ont été au rendez-vous car ils ont été au coin de la rue. Ils sont plus agiles, plus véloces dans la commande publique, peut-être aussi mieux organisés. Ils se sont battus pour faire en sorte qu’il y ait un circuit court de proximité pour distribuer des masques au plus près des populations", a assuré le président de l'association des maires de France.
"Plus de pouvoir aux territoires" face à l’État "bureaucratisé"
"Ce fonctionnement, le statu quo de ministères en silo, ultra-bureaucratisés, totalement décidé à Paris, ne peut plus fonctionner", a encore insisté le maire de Troyes, qui appelle à tirer les leçons de la crise et demande de "revoir de fond en comble les politiques publiques de proximité".
S'il admet qu'il est "extraordinairement facile d’être un prophète du passé", tandis qu'il n'est "pas facile de gouverner dans une crise mondiale de cette nature", il fait, a-t-il dit, "un constat d’évidence : les maires, les régions, les départements, les élus, ont pris beaucoup d’initiatives". Il faut donc, d'après François Baroin, "remettre les élus de proximité à l'intérieur de cette gouvernance", "rapprocher le public-privé", et "donner plus de pouvoir aux territoires. S'ils veulent investir dans les hôpitaux, les équipements, ils doivent pouvoir le faire."