Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi soir à la télévision la reconnaissance de deux territoires séparatistes du Donbass, à l’est de l’Ukraine, et sa volonté d'y envoyer des troupes pour "maintenir la paix". Une annonce qui anéantit toutes les tentatives de l'Union européenne et du président français d'éviter ce scénario. Invité sur Europe Matin mardi, François Bayrou, président du MoDem et haut-commissaire au plan, a estimé que nous sommes "devant un engrenage qui peut conduire au pire."
"Il y a un rapport de force si menaçant et si violent que l'on doit prendre les décisions les plus lourdes. Dans ce genre de situation, on est devant un engrenage qui peut conduire au pire. On a entendu Vladmir Poutine menacer de vitrifier par l'arme nucléaire ceux qui s'opposeraient à lui", a-t-il affirmé.
Emmanuel Macron, "le seul à résister"
Le président du MoDem est également revenu sur le face-à-face surprenant entre le président russe et son chef de la sécurité lundi soir. "C'était une humiliation en direct parce qu'on voyait qu'ils n'étaient pas sur la même ligne", a-t-il poursuivi avant de revenir sur l'attitude que les Européennes doivent adopter face à Vladimir Poutine. "Quand vous représentez un Etat, vous ne pouvez pas être dans le tout ou rien. Dans la guerre ou l'écrasement. Il y a toute une gamme d'engagements, comme des sanctions financières très dures à l'égard des oligarques."
Selon lui, l'Allemagne ne fera rien car elle est dépendante du gaz russe. "Une énorme pression a été créée sur Allemagne (...) et il n'y a que le président français qui ait apporté une résistance en laissant une porte ouverte", a-t-il encore affirmé. "Le fruit de son action diplomatique est qu'aujourd'hui il y a au moins quelqu'un parmi les dirigeants qui résiste sans céder un pas, et en laissant toujours une porte ouverte à la paix. Et je trouve que c'est l'attitude la plus juste."
François Bayrou a également déploré que certains responsables politiques aient été "influencés" par Vladimir Poutine. "Certains ont eu une attitude et une telle reconnaissance, que ça conduit à la soumission", a-t-il insisté.
"Avoir une ligne indépendante"
Il est enfin revenu sur les sanctions qu'il estime les plus adaptées face à la Russie. "Je suis persuadé qu'il y a des sanctions et des modes de résistance tout en ne se laissant pas entraîner dans l'engrenage de la guerre, si possible", a-t-il posé avant de détailler. "C'est un régime qui est sensible aux sanctions financières, à toutes les questions sur les matières premières."
Pour le président du MoDem, nous devons en effet être nous-mêmes. "C'est-à-dire que nous devons être indépendants des deux puissances qui s'affrontent."