Les partisans de Trump, les "gilets jaunes"... La grogne d'une partie de la population secoue périodiquement l'actualité. La philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury (CNAM) spécialiste de la philosophie morale et politique, y décèle un "grondement souterrain, profond, commun, notamment car la mondialisation a fait augmenter la dynamique des inégalités. C'est elle qui fait mal". Cynthia Fleury a exploré le ressentiment dans son livre, Ci gît l’amer - guérir du ressentiment (Gallimard, 2020). Elle s'explique sur Europe 1, dimanche matin.
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La violence, une pulsion humaine
Le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM4), livre de référence des psychiatrie, indique qu'un individu qui se sent victime d'une injustice estime souvent qu'il a le droit d'être violent. "Il y a une réalité objective de souffrance, et il y a ce que le sujet en fait. Nous ressentons tous de la violence. C'est une pulsion qui fait partie de l'humain", développe Cynthia Fleury. "Mais le politique, c'est la sublimation de la violence". A savoir l'organisation et la symbolisation des processus de conflictualité.
La politique est donc une "grande conquête, mais qu'il faut combiner avec davantage de démocratie participative" afin de répondre à la crise de légitimité du pouvoir politique actuel, dans le cas de la France. "La Convention citoyenne sur le climat était un exemple très intéressant, elle avait un travail de proposition élaboré", tout en s'appuyant sur un modèle participatif, souligne Cynthia Fleury.
La résilience de la démocratie
Un système totalement nouveau, à savoir une VIe République, peut également être un moyen de donner un second souffle à la démocratie, selon Cynthia Fleury. "La démocratie essaie d'encaisser la conflictualité et de s'améliorer avec elle, c'est une conquête, et quelque chose de merveilleux car elle peut digérer les crises, à la différence des dictatures, qui s'écroulent".