Ils sont une petite vingtaine avec Martine Aubry à avoir signé, dans Le Monde mercredi, une tribune au vitriol contre la politique gouvernementale. Parmi eux, Daniel Cohn-Bendit. Si l'ancien eurodéputé, qui revendique son indépendance et sa liberté de parole depuis son départ de la vie politique, a joint sa signature à celles d'autres personnalités de gauche et écologistes, c'est pour "réveiller ce gouvernement, réveiller cette gauche, réveiller cette France", a t-il expliqué jeudi sur Europe 1.
Le "désolant débat" sur la déchéance. L'ancien membre d'Europe Ecologie-Les Verts, qui reconnaît avoir quelques divergences, notamment en matière d'économie, avec Martine Aubry, a "trouvé ce texte fort sur deux points". Tout d'abord, la "déchéance de nationalité". Daniel Cohn-Bendit est, de fait, vigoureusement opposé à cette mesure, qu'il avait déjà qualifié de "faute morale terrible". La tribune cosignée dans Le Monde pointe un "désolant débat" autour d'une mesure "contraire au principe d'égalité qui "ouvre la voie à toutes les dérives". Ses auteurs réclament le remplacement de ce dispositif par une "déchéance de citoyenneté" ou une peine "d'indignité nationale".
La reconnaissance de l'action d'Angela Merkel. Mais c'est surtout un autre élément qui a convaincu Daniel Cohn-Bendit d'apposer sa signature au bas de ce texte : "la reconnaissance de ce qu'Angela Merkel a fait pour les réfugiés." Les auteurs de la tribune estiment en effet que la chancelière allemande "a sauvé [l'Europe] du déshonneur qui aurait consisté à fermer totalement nos portes à toutes ces femmes, ces hommes et enfants fuyant les persécutions et la mort". A l'inverse, ils fustigent "l'indécent discours de Munich" tenu par Manuel Valls. En visitant un camp d'accueil de réfugiés outre-Rhin, le Premier ministre français avait désavoué la politique d'Angela Merkel, affirmant que "l'Europe ne peut accueillir davantage de réfugiés". Pour Daniel Cohn-Bendit, la tribune de Martine Aubry est une juste remise en cause de la parole du chef du gouvernement. "C'est la première fois que des responsables politiques français, de droite ou de gauche, disent que la chancelière allemande a bien agi", a t-il souligné. "Ce qu'a dit Manuel Valls à Munich était insupportable."