C'est la France des oubliés, celle qui "ne voit jamais" les "hommes politiques de Paris", comme l'explique un ouvrier. Benoît Hamon était en meeting jeudi soir à Guéret, dans la Creuse. Un territoire de plus en plus tenté par le vote Front national, et auquel le vainqueur de la primaire de la gauche a voulu envoyer un message fort.
Ne "surtout pas sous-estimer" Marine Le Pen. "Je vais commencer, peut-être, par le plus grave." Dès les premières minutes de son discours, Benoît Hamon a ciblé Marine Le Pen qui, selon lui, "peut gagner l'élection présidentielle". "C'est une femme qu'il ne faut surtout pas sous-estimer. C'est mon nom qui sera sur un bulletin de vote à côté de celui de Marine Le Pen. Et je ne peux pas, au nom de la gauche, laisser passer l'extrême droite. Ne pas vouloir tout mettre en oeuvre pour que la gauche se rassemble."
Le FN "grappille du terrain". Dans la foule, le message a été bien accueilli. "Il a eu raison de commencer par ça", approuve Marie-Pierre, qui dit croiser de plus en plus de voisins et de collègues séduits par les idées frontistes. "Ils sont en train de grappiller du terrain. On n'arrive pas à comprendre. Ici, il y a très peu de personnes d'origine étrangère. Si on n'est pas cohérents au niveau de la gauche, [Marine Le Pen] passera." Pour Yann, venu avec sa blouse de travail, les deux derniers quinquennats sont responsables de la montée du FN. "La droite et la gauche ont dégoûté les gens d'aimer la politique, ou au moins de s'y intéresser", estime-t-il. "Que des gens comme Marine Le Pen passent devant, ça me fait peur et ça me gênerait."
Capter le vote de "ras-le-bol". C'est précisément ce vote de "ras-le-bol" d'électeurs des zones rurales que Benoît Hamon espère capter. Lui qui avait déjà consacré son premier déplacement de campagne à la Moselle et son industrie sinistrée avait, avant sa réunion publique jeudi soir, visité un sous-traitant automobile placé en redressement judiciaire, une mission locale, une coopérative agricole et la maternité du centre hospitalier de Guéret.