La primaire de la droite a démarré ce week-end avec la rentrée politique d’Alain Juppé et de François Fillon. Des prises de parole souvent musclées, avec même un certain niveau de violence.
La violence est l’arme des faibles. La rentrée de François Fillon en est la parfaite illustration. L’ancien premier ministre n’a pas hésité à évoquer la mise en examen de Nicolas Sarkozy, qu’il présente comme le candidat aux solutions stupides et imbéciles. Contrairement à ce qu’il proclame, François Fillon a perdu ses nerfs. Pourquoi ? Parce qu’il est affaibli, les sondages le donnant en quatrième position derrière Bruno Le Maire. Il est en état d’asphyxie politique : il ne faut pas oublier que son itinéraire s’est construit dans le sillage de Nicolas Sarkozy, à son service comme Premier ministre. Aujourd’hui, François Fillon n’a pas d’autre choix pour tenter de survivre que de s’acharner sur celui qui l’a fait.
Le duel des favoris. Le discours est plus feutré chez Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, les deux favoris, mais là aussi, les coups pleuvent. Nicolas Sarkozy a fait le procès en mollesse et en angélisme du maire de Bordeaux. "L’autorité ce n’est pas l’agitation", lui rétorque Alain Juppé qui, au passage, ne varie pas sur le fond de sa ligne modérée. Droit dans ses bottes, celui qui fut Premier ministre de 1995 à 1997 ne se prive pas pour rendre coup pour coup. Avec les trois débats à venir, et les trois mois restants de campagne, les tensions devraient encore monter d’un cran. L’incertitude du vote explique ces déchaînements ; le dernier sondage Sofres donne Nicolas Sarkozy et Alain Juppé au coude à coude à 34% chacun.
Un risque de fracture. Le risque, c’est que ça dégénère, et que les entourages des candidats se jettent à leur tour dans la bataille. On peut déjà affirmer que la primaire du PS de 2011, avec Martine Aubry et sa célèbre maxime, "quand c’est flou, il y a un loup", avait des airs de cour d’école maternelle à côté de ce qui se passe chez Les Républicains. Or, une primaire est censée enclencher une dynamique, donner de l’élan au vainqueur, une primaire est censée rassembler à la fin et pas fracturer une famille politique. Le risque, c’est donc celui d’une primaire qui détruit au lieu de construire. Il ne faut pas perdre de vue que les candidats à la présidentielle des autres partis, en spectateurs attentifs et gourmands, nourriront leur campagne sur les critiques qui pleuvent actuellement sur la tête de leur futur adversaire.