Manuel Valls et François Hollande s’apprêtent à faire face à la fronde d'élus socialistes la plus importante depuis le début du quinquennat. Le sujet qui fâche reste la déchéance de nationalité pour les binationaux nés français et condamnés pour terrorisme. La fronde va commencer ce soir, lors du bureau national du Parti socialiste, rue de Solférino. Si l’on en croit un pointage informel réalisé au sein du PS, plus des trois quarts des membres du bureau national - l’équivalent de l’assemblée du parti - sont opposés à cette mesure. Plus de 60% des députés y sont également opposés.
Martine Aubry à la manœuvre. La maire de Lille tente depuis plusieurs jours de fédérer les socialistes contre l’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution. Cette opposition va bien au-delà des frondeurs historiques. Elle touche même des "hollandais" et des "vallsistes", c’est-à-dire plus une conjonction d’oppositions que de véritables leaders. Il va être difficile de désamorcer ce mouvement car, comme le disait un responsable socialiste, cette question touche à l’intime conviction des uns et des autres.
L'indignité nationale, possible mesure de substitution. Pour gagner du temps, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, lui-même personnellement opposé à cette mesure, va proposer le 18 janvier de la soumettre au vote du bureau national. D’autres planchent sur une mesure de compromis : l’indignité nationale, qu’ils voudraient voir substituée à la déchéance de nationalité. Quitte à faire un petit tour de passe-passe rhétorique, en rebaptisant cette indignité nationale "déchéance de citoyenneté". Pour l’heure, à Matignon, on semble plutôt insensible à cette histoire et totalement insensible, surtout, au compromis.
Dans les sondages, quasiment neuf Français sur dix plébiscitent la déchéance de nationalité. Pour François Hollande, c’est l’occasion de se forger une image de candidat à la présidentielle rassembleur, au-delà des divisions de son camp. Pourtant, la suppression de la peine de mort sous la présidence de François Mitterrand en 1981 avait été décidée contre les sondages, qui montraient une majorité de Français opposés à cette évolution.