Le Premier ministre a défendu la portée "symbolique" de la déchéance de nationalité, dans une tribune publiée mercredi dans l'hebdomadaire L'Obs.
Manuel Valls a déploré mercredi les "faux débats" autour de la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour crimes terroristes, en défendant une mesure d'"une grande portée symbolique" qui "ne porte pas atteinte au droit du sol, ni à la binationalité". Dans une tribune intitulée "Tous Français !", à paraître dans L'Obs et publiée mercredi par l'hebdomadaire sur son site Internet, le Premier ministre défend à nouveau cette mesure que l'exécutif veut inscrire dans la Constitution après les attentats du 13 novembre, mais qui divise profondément la gauche.
Des "allégations trompeuses". "Pour cette question comme pour d'autres, il peut y avoir des débats. Ils sont légitimes. Mais je n'accepte pas qu'il y ait de faux débats, fondés sur des allégations trompeuses", écrit le chef du gouvernement. "Il faut remettre les choses à leur place. La déchéance de nationalité ne porte pas atteinte au droit du sol, ni à la binationalité. Elle vise exclusivement des terroristes, condamnés pour crime ; des Français qui ont fait le choix de frapper des Français", plaide-t-il, en réponse aux critiques sur des entorses à la politique française en matière de nationalité.
Comparé au régime de Vichy. Le Premier ministre répond aussi à ceux qui soulignent que le régime de Vichy a pratiqué en masse la déchéance de nationalité à l'encontre de Français de confession juive ou de résistants, général de Gaulle compris. La mesure est "bien loin des idées du régime du Vichy ou de l'extrême droite", selon Manuel Valls, qui souligne que le premier recours à cette procédure, instauré en 1848 lors de l'abolition de l'esclavage, visait les esclavagistes. Elle "rappelle qu'être Français, binational ou pas, naturalisé ou de naissance, par le sang ou par le sol, c'est partager les mêmes valeurs, une même espérance, se retrouver dans l'épreuve et dans les souffrances. Comment, dès lors, ceux qui combattent nos valeurs en s'enrôlant dans une armée terroriste et provoquent les plus grandes souffrances pourraient-ils le rester ?", plaide le chef du gouvernement.
Un "patriotisme nouveau". Plus largement, Manuel Valls défend dans sa tribune l'action du gouvernement à la suite des attentats de janvier et juge que "la gauche doit assumer cette idée de Nation, et donc les piliers qui la fondent : la nationalité, le patriotisme, nos frontières", même si ces dernières ne sont pas des "barricades".
Selon lui, un "patriotisme nouveau" s'est exprimé après les attentats de novembre : "un patriotisme qui, parce qu'il se fonde non pas sur l'origine, mais sur l'adhésion à un projet qui dépasse très largement les aspirations personnelles, permet à notre Nation de s'enrichir de sa diversité sans jamais perdre de vue ce qu'elle est". Le Premier ministre confirme aussi au passage l'ouverture prochaine d'un premier "centre de suivi des jeunes radicalisés", avant "d'autres ouvertures sur tout le territoire". Et il affiche son souhait d'"aller plus loin" en 2016 en matière de lutte contre le terrorisme, "d'abord au niveau européen", "la bonne échelle pour organiser notre réponse".