Cela fait douze jours que le ministère de l'Intérieur est chapeauté par le Premier ministre Edouard Philippe, en conséquence de la démission fracassante de Gérard Collomb. Cet intérim s'éternise, et le remaniement se fait attendre. Invité du Grand Rendez-vous dimanche sur Europe 1, Jean-Luc Mélenchon a considéré que la manière avec laquelle Gérard Collomb a quitté le navire en dit long sur la respectabilité de l'exécutif. "C’est le signe d'un délitement, la suite sera une agonie", a-t-il prévenu sur notre antenne.
"Quelque chose a été luxé". Pour le patron de La France insoumise, le seul responsable est le président de la République. "Il a lui-même créé la crise. C'est sans précédent dans la vie politique", a-t-il estimé, citant tour à tour les réformes "brutales" et les affaires, dont celle concernant Alexandre Benalla. D'ailleurs, les réponses du ministre de l'Intérieur devant la commission d'enquête parlementaire sur ce dossier ont été la preuve, selon lui, que "quelque chose a été luxé" au sommet de l'Etat. "Pour la première fois, on a entendu le numéro 2 de l'Etat dire : 'les politiques n’assument plus leurs responsabilités. Ce sont des fonctionnaires qui exécutent les ordres'. Il n'y a plus d’Etat républicain dans ces conditions", juge-t-il.
Le "bras de fer" entre Macron et Philippe. Dès lors, dans un contexte de crise du pouvoir, il n'est pas étonnant selon Jean-Luc Mélenchon que le remaniement soit aussi long. Pour lui, Edouard Philippe "a organisé pendant dix jours un bras de fer avec le président. Sinon, quelles causes y a-t-il à une durée pareille pour un remaniement ? Même en 'Macronie', un minimum de professionnalisme est requis", a-t-il critiqué. "Quoi qu’il fasse, quelle que soit la liste qu’il va établir, il va encore trouver deux ou trois renégats du Parti socialiste, un ou deux de droite qui veulent terminer leur carrière, mais ça ne pourra pas être mieux qu’un replâtrage."