Thierry Solère, Bruno Le Maire, Édouard Philippe et d'autres : le sort de plusieurs figures des Républicains doit être tranché mardi par un bureau politique, qui pourrait les sanctionner voire les exclure pour leur ralliement à Emmanuel Macron ou leur proximité affichée avec la nouvelle majorité.
Six députés sur la sellette. Les Républicains se réunissent en fin de journée dans leur QG parisien du 15ème arrondissement. Au menu, la mise à la porte potentielle de figures LR, à commencer par le Premier ministre lui-même, trois membres du gouvernement (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, et Sébastien Lecornu), ainsi que deux députés "constructifs", Thierry Solère et Franck Riester.
Au total six courriers, qualifiés "de convocations d'exclusion" par Thierry Solère, initiateur du groupe parlementaire des Constructifs LR-UDI distinct de celui LR, ont été transmis aux intéressés. À l'issue de cette procédure, la question du ralliement à la République en marche! des membres du gouvernement comme Édouard Philippe ou Gérald Darmanin, se poserait.
La porte ouverte à un retour des "constructifs". Alors que le secrétaire général des Républicains Bernard Accoyer avait indiqué que l'exclusion éventuelle serait "débattue" au bureau politique, un cadre LR a assuré qu'il n'y avait "pas d'exclusion à ce stade" mais une "procédure interne habituelle", pour permettre aux personnes mises en cause de "s'expliquer" avant une "éventuelle sanction". Bernard Accoyer a d'ailleurs laissé la porte entrouverte à un possible retour dans la famille de certains "constructifs", mais "pas pour ceux qui étaient à la manoeuvre" : tous les LR "constructifs" n'ont pas reçu de convocation.
Une question qui divise en interne.Le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, le trésorier du parti, Daniel Fasquelle ou encore l'ancienne ministre, Nadine Morano, font partie des partisans de l'exclusion. "On ne reconstruira pas si on est dans l'ambiguïté, un pied dedans, un pied dehors (...). A un moment, il y a des chemins qui diffèrent, il faut en prendre acte de manière totalement apaisée", a aussi plaidé le député de l'Yonne Guillaume Larrivé.
D'autres sont opposés à ce type de sanction : pour le maire LR de Nice Christian Estrosi, ce sont des "procédés staliniens". Vice-président LR d'Île-de-France, Geoffroy Didier a affirmé lundi au Figaro que "l'on peut parfaitement être membre des Républicains" et "soutenir" le gouvernement s'il "va dans le bon sens". "Parler d'exclusion, ça n'est pas dans mon ADN à moi. Je suis pour le rassemblement", soutient quant à lui Gérard Larcher, mardi, au micro d'Europe 1. "J'ai dit au secrétaire général des Républicains que je m'opposerai à cette démarche d'exclusion", avoue encore le président du Sénat, voulant faire valoir "la richesse, la diversité et la pluralité des opinions" dans sa formation politique.
L'UDI penche pour les constructifs. Hors de LR, les centristes suivront de près les conclusions de ce bureau politique. Le patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, membre du groupe des "constructifs" à l'Assemblée, a affirmé vouloir "d'ici l'automne" une "nouvelle force politique" avec ces LR-là. Une hypothèse que n'ont écartée ni Franck Riester, ni Thierry Solère.
Trancher sur la ligne politique lors du Congrès. Thierry Solère envisage tout de même une autre "solution" : que les adhérents LR tranchent au prochain Congrès du parti "entre la ligne identitaire et la ligne constructive que nous incarnons au Parlement" à l'occasion de l'élection d'un nouveau président pour le parti. Une façon de viser Laurent Wauquiez, droitier patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes, bien parti pour briguer la présidence de LR sans adversaire de poids pour le moment. Ce bureau politique sera aussi l'occasion pour les ténors LR de lancer les hostilités sur ce Congrès en s'exprimant sur la date de l'élection d'un nouveau président : les 11 et 17 décembre sont envisagés.