Des députés LR demandent à Fillon d'ajouter "de l'espoir" à son programme

Des élus ont également mis en garde François Fillon contre la "dynamique"d'Emmanuel Macron.
Des élus ont également mis en garde François Fillon contre la "dynamique"d'Emmanuel Macron. © THOMAS SAMSON / AFP
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Rédaction Europe1.fr avec Aurélie Herbemont et AFP , modifié à
Plusieurs soutiens du candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle se sont érigés mercredi contre la radicalité de son projet.

L'inflexibilité de François Fillon sème le trouble jusque dans ses rangs. Plusieurs parlementaires LR ont demandé mercredi à François Fillon de "rajouter de l'espoir" à son programme qui "ressemble trop à une purge", lors d'une réunion au QG du candidat de la droite à l'élection présidentielle, selon plusieurs participants. Une prise de parole révélatrice de l’inquiétude qui gagne certains élus de droite devant le tassement de François Fillon dans les sondages.

Lors de cette réunion, qui a rassemblé plus d'une centaine de personnes, l'ex-Premier ministre a expliqué que c'était à lui "de faire les efforts nécessaires pour rassembler tout le monde". "La seule question fondamentale est : redresser le pays", a affirmé ce député de Paris, considérant que "si on veut mettre du miel partout, des douceurs, on échouera", selon des propos rapportés.

"Les sondages, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre". "Il faut être à l'offensive", a encore répondu François Fillon, et "ne pas s'occuper des sondages. Je suis payé pour le savoir, je relativise l'importance. Les sondages, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre, comme disait Chirac !" "J'ai besoin que vous vous engagiez à fond dans la campagne, dans son organisation, sur votre territoire", a-t-il exhorté, et il faut "répondre à la crise de confiance qui traverse le pays, qui explique Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, ce dernier pouvant être le troisième homme de l'élection".

"Il faut que tu rajoutes de l'espoir". Mais "il faut que dans ton programme, tu mettes plus d'espoir. Là, ça ressemble trop à une purge", lui a notamment lancé le député du Territoire de Belfort Damien Meslot, lui demandant de faire "attention aux collectivités locales", à "la Sécurité sociale" et à "l'assurance chômage". Même demande de la part d'Alain Gest, député de la Somme : "Tu as fait un pari courageux, celui de gagner en disant la vérité", mais "attention, on connaît le sort qui a été réservé aux [Raymond] Barre et autres. Il faut que tu rajoutes de l'espoir, il y a trop de tirs cumulés contre toi."

Une organisation de campagne "confuse". Plusieurs députés ont également critiqué l'organisation de la campagne. "L'urgence, par ailleurs, c'est l'organisation. Ce n'est pas organisé. C'est confus", a ainsi regretté Alain Gest, prenant l'exemple des "comités de soutien société civile versus les élus", selon lui pas "organisés". "Il faut que tu nous donnes du plaisir et de l'émotion", lui a dit Bernard Reynes, député des Bouches-du-Rhône. "Or, on t'écrit, tu réponds pas. On demande à te voir, on ne te voit pas. Il n'y a pas d'envie, pas de plaisir", a-t-il ajouté. "Ras-le-bol de ne pas être écouté, pas respecté", a abondé le sénateur de l'Ardèche, Jacques Genest.

L'aspirateur Emmanuel Macron. Face à la percée d’Emmanuel Macron, plusieurs élus ont également averti le candidat sur le danger que peut représenter l’ancien ministre de François Hollande auprès de l’électorat modéré, alors que François Fillon se montre inflexible sur son programme radical. "La dynamique Macron, c'est un réalité", a affirmé Christophe Béchu, sénateur de Maine-et-Loire. "Attention, toute la jeunesse part chez Macron", a également averti Jacques-Alain Bennisti, député du Val-de-Marne.

Selon Jean-François Copé, "si par malheur Manuel Valls ne gagne pas la primaire, ça ouvre un boulevard pour Macron. On se retrouvera avec trois populismes : un d'extrême droite, avec Marine Le Pen, un d'extrême gauche avec Jean-Luc Mélenchon, un populisme mondain, du centre, dans lequel viennent s'encanailler des bourgeois". 

Un candidat trop sûr de sa victoire ? Dans l’entourage du Sarthois, on cherche à relativiser cette mise en garde. "Ceux qui ont pris la parole n’était pas des soutiens pendant la primaire, et ils sont déstabilisés par le non-cumul des mandats que François Fillon appliquera", explique-t-on. Il n’empêche, la droite n’est pas sereine quand François Fillon est sûr de lui… "peut-être trop", souffle un député.