Des ministres contredits, Sarkozy renforcé : les effets politiques de l'allocution d'Emmanuel Macron

© LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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Europe1.fr , modifié à

Au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron, l'éditorialiste politique d'Europe 1 Michaël Darmon analyse les effets qu'auront ses annonces sur la politique, et plus directement sur les "gilets jaunes".

Une dizaine de milliards d'euros lâchés en 13 minutes, c'est dire s'il y a urgence. Lundi soir, Emmanuel Macron, empêtré dans la crise des "gilets jaunes", a annoncé plusieurs mesures en faveur du pouvoir d'achat : augmentation de 100 euros des salaires au niveau du Smic, exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2.000 euros par mois, ou encore heures supplémentaires payées "sans impôts ni charges".

Selon un expert de la vie politique, "Emmanuel Macron a pris le Canadair de la dépense publique pour éteindre l'incendie social et fiscal". Car l'économie est très affaiblie en raison des manifestations liées au mouvement des 'gilets jaunes', et parce qu'il fallait envoyer un message à l'opinion qui soutient les gilets. 

Quel effet politique ?

Selon l'éditorialiste politique d'Europe 1 Michaël Darmon, plusieurs enseignements sont à tirer de cette allocution. En contredisant ses ministres de plein fouet, le chef de l'Etat a pris un premier tournant. "La ministre du Travail disait 'pas touche au Smic', il est boosté. Marlène Schiappa se disait prête à rétablir l'ISF : pas question. Et Bruno Le Maire, qui s'est déclaré opposé à toucher à la CSG, devra défendre la décision présidentielle. Mais il a l'habitude de défendre des positions qu'il a pu combattre", note notre éditorialiste.

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Par ces annonces, "Emmanuel Macron a aussi décidé de continuer à brouiller les lignes à droite, et de s'inspirer de l'expérience de Nicolas Sarkozy", constate Michaël Darmon. En 2007, l'ancien président de la République avait fait de cette mesure l'emblème de son ambition : "Travailler plus pour gagner plus." La défiscalisation des heures supplémentaires, jugée coûteuse et mauvaise pour l'emploi par l'OFCE, avait finalement été annulée en 2012 par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

"Il faut savoir que l'ancien président et Emmanuel Macron ont déjeuné vendredi en tête à tête, et cette mesure a dû faire fait partie du menu", glisse l'éditorialiste politique.

Quel effet sur les "gilets jaunes" ?

On verra quelles répercussions sur le long terme auront ces annonces. Mais les "gilets jaunes" ont exprimé dès lundi soir des réactions contrastées, certains saluant des avancées sociales, d'autres protestant contre des "mesurettes", insuffisantes pour calmer leur colère et mettre fin à leur mobilisation.

En attendant, sur les ronds points, la vie s'organise. "Ces lieux sont en train de changer de statut", estime Michaël Darmon. S'ils restent des "lieux de barrage pour discuter ou imposer les points de vue des 'gilets jaunes'", les ronds-points sont en train de devenir de véritables "lieux de socialisation". "Les 'gilets jaunes' font connaissance, organisent une vie micro locale", observe l'éditorialiste. "Des retraités ou des mères de famille seules sont très très présents. Des sapins de Noël font leur apparition, et on entend chez beaucoup l'intention de partager le réveillon du 25 décembre", poursuit-il. 

En clair, pour Michaël Darmon, il s'agit là d'un "zadisme d'un genre nouveau". Oubliez la Zad de Notre-Dame-des-Landes, faites place aux Zag, les "zones à gilets".