Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre, un Président hué... Samedi, la visite d'Emmanuel Macron au Salon de l'Agriculture a été chaotique. Face à la colère de nombreux agriculteurs, le chef de l'État a tenté la carte du débat, et même de l'apaisement, avec plusieurs annonces pour aider le secteur en crise. Parmi elles, la mise en place d'un plan de trésorerie d'urgence, l'inscription dans la loi de l'agriculture comme "intérêt général majeur", ou encore la mise en place de "prix planchers", réclamés par une partie des producteurs. Une dernière mesure qui a beaucoup fait réagir. Mais pour Stéphane Le Foll, ancien ministre de l'Agriculture et maire du Mans, il s'agit d'une "fausse bonne mesure".
"Quels prix ? À quel niveau ? Qui décide ? Est-ce qu'on intègre dans ce prix les marchés nationaux, européens ou internationaux ? Comment on fait pour arriver à gérer une telle complexité par un prix ?", s'interroge Stéphane Le Foll au micro d'Europe 1 Matin week-end. Samedi, Emmanuel Macron a expliqué que ces "prix planchers" permettraient "de protéger le revenu agricole". Le prix de vente serait ainsi fixé par rapport au coût de production de chaque filière.
"Une manière de rassurer" les agriculteurs
Pour le maire du Mans, il s'agit de mesures "séduisantes", pour apaiser les tensions avec les agriculteurs, "mais qui dans la réalité ou dans l'application, remettent [en cause] ce qui existe depuis 40 ans. On peut le contester mais il faut que le modèle que l'on met à la place soit aussi efficace".
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Selon lui, cette annonce est avant tout "une manière de rassurer" les agriculteurs, mais qui pourrait se retourner contre le gouvernement. "On va avoir une autorité qui va définir les prix. Laquelle ? Je ne sais pas. Si c'est le gouvernement, je lui souhaite bon courage pour définir le prix qui intègre, si j'ai bien compris, à la fois les coûts de production et le revenu des agriculteurs."
Selon Stéphane Le Foll, "ce sont des sujets qui sont lancés comme ça, dans le cadre d'une crise, avec des conséquences extrêmement lourdes. Faut-il sortir de l'économie de marché dans le domaine de l'agriculture, c'est une vraie question. Mais ça ne se fait pas à l'occasion d'un salon de l'agriculture et sous la pression", fustige-t-il au micro d'Europe 1.