Offensif, mais pas fermé. Déterminé, mais pas "jusqu'au-boutiste". C'est à un difficile exercice d'équilibriste que François Fillon s'est livré dimanche soir, sur le plateau de France 2. D'un côté, le candidat a été très clair. "Non", il ne compte pas retirer sa candidature. "Personne ne peut aujourd'hui m'empêcher d'être candidat", a-t-il martelé. De l'autre, il lui a fallu montrer qu'il n'était pas ce "forcené" que certains observateurs, et certains élus dans son propre camp, ont voulu voir ces derniers jours. "Ça ne veut pas dire que je ne discute pas, que je ne suis pas prêt à dialoguer", a-t-il concédé.
Le seul à décider. Ce dialogue paraît pourtant compliqué au regard de son intervention. François Fillon a eu des mots assez durs avec celles et ceux qui, au sein de sa famille politique, ne font plus bloc derrière lui. À l'instar de Valérie Pécresse, Christian Estrosi ou Xavier Bertrand, qui ont indiqué quelques minutes seulement avant son passage télévisé qu'ils désiraient le rencontrer lundi pour évoquer une "sortie respectueuse". "J'ai vu qu'il y avait des présidents de région qui veulent me rencontrer pour parler. Ce ne sont pas [eux] qui vont prendre la décision à ma place", a balayé François Fillon. "Je suis le seul à pouvoir le faire. Je le ferai en cherchant à chaque instant l'intérêt général."
" Personne ne peut aujourd'hui m'empêcher d'être candidat. "
"Impasse politique". Et l'intérêt général est, selon lui, le maintien de sa candidature. "Je pense profondément que le retrait de cette candidature aboutit à une impasse politique pour la droite et le centre", a insisté le candidat. Lui dit refuser de devoir choisir entre Marine Le Pen d'un côté et Emmanuel Macron de l'autre. Et écarte l'idée de son remplacement par un autre élu LR, alors que le nom d'Alain Juppé est brandi par les caciques du parti qui souhaiteraient trouver un plan B. "Toute candidature improvisée aujourd'hui, à 50 jours de l'élection présidentielle, avec un projet qui ne serait pas un projet de rupture, pas un projet au fond radical comme celui que j'ai proposé, et qui a occasionné ma victoire à la primaire, conduira à un échec."
"Je suis innocent". Surtout, François Fillon apparaît encore et toujours sûr d'être dans son bon droit. "Je suis innocent", a-t-il martelé. "Je n'ai rien à me reprocher sur le plan légal." Le candidat a une nouvelle fois sous-entendu qu'un complot pouvait expliquer les poursuites judiciaires. Sans critiquer l'action des juges, il s'est attardé sur le "calendrier judiciaire" défavorable. Il est en effet convoqué le 15 mars prochain en vue d'une possible mise en examen, alors que la date limite de dépôt des parrainages auprès du Conseil constitutionnel est le 17.
"Toujours soutenu". François Fillon a pour lui la mobilisation réussie de dimanche après-midi, au Trocadéro, à Paris, où plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour le soutenir. Selon lui (qui a répété le chiffre de 200.000 participants, chiffre non officiel), c'est là la preuve que son projet est "toujours soutenu par une majorité d'électeurs de la droite et du centre". Dans ces conditions, il a estimé que l'empêcher de se présenter serait "un hold-up démocratique".
" Mon projet est toujours soutenu par une majorité d'électeurs de la droite et du centre. "
Des initiatives pour "rassembler". Le vainqueur de la primaire a néanmoins lâché un peu de lest sur un point, promettant de prendre des initiatives "dans les prochains jours" pour "rassembler [sa] famille" politique. Première étape : la constitution d'une nouvelle équipe de campagne fédératrice, alors que ses troupes ont été dévastées par une vague de défections depuis trois jours. Il doit également assister à la réunion du comité politique LR prévue lundi soir, et qui promet d'être animée.
Reste à savoir qui, du candidat bien décidé ou des élus LR inquiets, va remporter le bras de fer qui s'annonce. À peine l'interview de François Fillon terminée, Alain Juppé a annoncé sur Twitter qu'il ferait une déclaration à la presse lundi matin, depuis sa ville de Bordeaux. Valérie Pécresse, de son côté, a répété vouloir "parler" avec François Fillon, tout en disant défendre "coûte que coûte" son projet.