Le président de la Métropole européenne de Lille (MEL), Damien Castelain, était en garde à vue mardi matin dans le cadre d'une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, a-t-on appris auprès du parquet de Lille.
Parfums, services de bien-être et nuits en hôtel de luxe
Le directeur général des services de la métropole, Bruno Cassette, était également en garde à vue dans cette affaire portant sur des dépenses effectuées entre janvier 2017 et mai 2018, a précisé cette source, confirmant une information de La Voix du Nord. Les deux responsables sont interrogés par la PJ de Lille, à qui le parquet a confié les investigations depuis l'ouverture d'une enquête préliminaire en juillet 2018 pour détournement de fonds publics et recel.
Celle-ci faisait suite à la publication par Médiacités d'un article où le site d'informations affirmait avoir épluché "quelques centaines de factures" n'ayant "pas grand chose à voir" avec les fonctions politiques de Damien Castelain, notamment pour des parfums, services de bien-être ou nuits en hôtel de luxe le week-end. Ces dépenses suspectes s'élevaient, selon Médiacités, à environ 11.000 euros.
L'Agence française anticorruption (AFA) avait de son côté effectué en octobre un signalement auprès du parquet, puis rendu en décembre un "rapport de contrôle" sur la MEL, confidentiel mais rapidement dévoilé par Médiacités. Elle y relevait, selon le site, des "irrégularités". L'AFA s'intéresse également aux travaux en cours du futur siège de la MEL, ainsi qu'aux conditions dans lesquelles a été employée une chargée de communication de cette collectivité. Selon le rapport d'une mission d'évaluation interne, le coût du déménagement dans ce futur siège se révèle largement supérieur à celui voté en 2017.
"Une chasse à l'homme téléguidée" pour Damien Castelain
L'avocate de Damien Castelain avait indiqué en juin que ce dernier avait remboursé "l'intégralité des notes de frais" signalées par l'AFA, afin de "couper court aux polémiques malsaines", via "un don" en avril de 20.542,03 euros à la métropole lilloise, correspondant à "la totalité des sommes sur lesquelles des questions sont posées dans le pré-rapport de l'AFA".
Mais ce remboursement "n'est en rien un aveu quelconque de culpabilité", avait affirmé à l'AFP Me Florence Rault. Dès la publication de l'enquête en 2018, Damien Castelain avait fustigé "une chasse à l'homme téléguidée" et assuré que ces chiffres étaient "faux", parlant pour sa part de "395 euros par mois de frais de représentation". Le président de la Mel est par ailleurs mis en examen pour "trafic d'influence passif" et "complicité de favoritisme" dans l'enquête sur l'attribution du marché du stade Pierre-Mauroy à Eiffage en 2008.