Ses prises de parole sont rares et souvent synonymes de nouvelles annonces : Emmanuel Macron n'a pas dérogé à la règle, mercredi soir, annonçant notamment une extension des mesures de lutte contre le Covid-19 à tous les départements métropolitains, et une fermeture des écoles dès mardi prochain. Une allocution plutôt réussie sur la forme et qui vise, selon notre éditorialiste Nicolas Beytout, à faire oublier un pari perdu sur le fond.
"Je l'avais dit hier (mercredi) : si Emmanuel Macron parlait, ce serait pour annoncer de mauvaises nouvelles. Bingo, c’est le cas. La France doit à nouveau s’enfermer pour 4 semaines, ses écoles seront fermées dès mardi prochain. Et même si le chef de l’Etat semble toujours avoir autant de mal à employer le mot de "confinement" pour décrire ce qui nous attend, c’est bien de cela dont il s’agit. Un confinement du 3ème type, entre l’ultra-sévère de mars-avril dernier et le plus souple de l’automne passé. Une forme de en-même-temps
Le président a donné une échéance de sortie de crise
En attendant les chiffres d'audiences, on peut dire que l'intervention d’Emmanuel Macron a été bonne sur la forme. Pas d’emphase, pas d’envolée lyrique, du concret - presque trop d’ailleurs : c’est toujours étrange de voir le Président commenter des slides, des courbes et des tableaux, façon Directeur général de la Santé.
>> LIRE AUSSI - Extension des mesures, écoles... Ce qu'il faut retenir de l'allocution d'Emmanuel Macron
Et sur le fond, Emmanuel Macron a adopté un positionnement assez équilibré, je trouve, entre les mauvaises nouvelles (l’enfermement de toute la France), et les mots de réconfort face à la lassitude, à l’énervement de beaucoup. Et surtout, il a dessiné un horizon, il a donné une échéance de sortie de crise… Quatre semaines, puis encore deux de transition avant réouverture progressive. C’est la première fois que ça se produit : lors de ses précédentes interventions, Emmanuel Macron soit ne s’était pas engagé, soit avait souligné le provisoire de ses annonces.
Son plan pour prendre de vitesse le virus a échoué
Cette fois, il donne des dates, précises. Des étapes dans la montée en puissance de la vaccination, et parallèlement dans le desserrement de la contrainte. Et ce n’est pas anodin. Depuis que la pression pour un reconfinement a envahi le débat public, on a vu une bataille se dérouler sur le thème du "pari perdu du Président qui ne voulait pas reconfiner et qui allait y être obligé". C’est vrai, ce choix de ne pas suivre l’avis des médecins, depuis deux mois, n’a pas réussi. Et c’est vrai aussi que l’entourage du chef de l’Etat a beaucoup brodé autour de l’idée d’un Président qui voit tout, comprend tout, et décide tout de la politique sanitaire.
>> DECRYPTAGE - Plus de clarté et un horizon de réouverture : les dessous du (nouveau) pari d'Emmanuel Macron
Son plan pour prendre de vitesse le virus a échoué, c’est le virus qui a gagné et c’est donc lui personnellement qui a perdu. Alors, en donnant un horizon, il tente de faire oublier cette course perdue. Emmanuel Macron fixe un nouveau rendez-vous aux Français, trace une perspective de sortie réelle, datée, calée sur la montée en puissance de la campagne de vaccination. Une façon, bien sûr, de changer les termes du pari, et de se ménager un peu d’air politique."