Le mouvement des "gilets jaunes" régresse, selon Jean-Michel Aphatie. Pour notre éditorialiste, la mobilisation démarrée en novembre ne produit plus de sens et porte maintenant en elle des revendications éparpillées, en plus de causer des violences chaque samedi. Mais si Emmanuel Macron a sans doute repris un peu d'air avec le lancement du "grand débat national", la tâche s'annonce ardue pour un chef de l'État qui doit montrer, selon lui, sa capacité à sortir de la crise sans lâcher trop de lest.
"C'est un mouvement qui tourne en rond et qui ne produit plus de sens. Un mouvement social prouve sa force et sa légitimité en augmentant chaque fois le nombre des participants aux manifestations qu'il organise. Avec les 'gilets jaunes', c'est l'inverse : ils étaient 300.000 le 17 novembre et 80.000 samedi (eux disent 140.000, ils se sont comptés pour la première fois).
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Le RIC, promesse de désordre ? Ce mouvement ne montre pas qu'il prend de l'ampleur dans la société. Au contraire, il régresse. C'est la même chose pour son identité : le mouvement des 'gilets jaunes' a commencé avec un mouvement simple et un mot d'ordre fédérateur, le pouvoir d'achat, et puis ça s'est éparpillé. Tout et n'importe quoi a été revendiqué et puis on en est arrivé au RIC, le référendum d'initiative citoyenne, où les 'gilets jaunes' proposent notamment de démettre des élus par référendum, ce qui est la promesse d'un désordre total, absolu et permanent dans la société.
Certains gilets jaunes disent aussi une chose absolument inouï : 'Faisons nos lois nous-mêmes avec le référendum d'initiative citoyenne'. Si on fait les lois nous-mêmes en matière de logement, de santé ou d'éducation, ça ne va quand même pas être brillant parce qu'il faut un peu de connaissance pour faire des lois.
Un débat qui divise les 'gilets jaunes'. Bref, ils racontent un peu n'importe quoi, ça marque leur identité et donc ça leur fait perdre de la crédibilité. Sans oublier la violence, parce qu'encore samedi à Angers et à Avignon, il y a eu des violences qu'il faut condamner à chaque fois parce qu'elles sont tout le temps inacceptables.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron a repris un peu la main avec un 'grand débat' bricolé et proposé à la hâte dont on ne sait pas trop comment il va être organisé finalement. Il a un seul avantage : il permet aux 'gilets jaunes' républicains, ceux qui veulent continuer à s'inscrire dans le dialogue, de participer aux réunions pour faire valoir leur point de vue. Plusieurs des "gilets jaunes" avaient fait ce choix d'aller discuter et il faut les encourager.
Un temps en suspension. En revanche, il faut qu'Emmanuel Macron imagine une sortie de ce débat des 'gilets jaunes' avec une proposition de nature à calmer un incendie qui est toujours là parce que les raisons de la colère sont là. Comme Emmanuel Macron n'a aucun moyen financier, on ne voit pas bien comment la sortie de crise va se faire. On est dans un temps un peu en suspension, une parenthèse. On ne sait pas où on va, mais comme disent les humoristes, on y va."