Il estime que François Fillon a choisi d’emporter son camp "dans une course vers l’abîme". Dans une tribune au Figaro, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, dénonce l’acharnement du Sarthois, acculé par une possible mise en examen imminente, à maintenir sa candidature. Il condamne également la manifestation de soutien organisée dimanche, au Trocadéro, et qu’il considère comme un rassemblement anti-justice.
"Il n’est pas le combattant des valeurs de la France". "Qu’il soit un combattant déterminé, c’est très respectable, mais il n’est que le combattant de lui-même. Il n’est pas le combattant des valeurs de la France. Il n'est pas le combattant qui porte une ambition pour la France, parce qu'il n'en n'a pas les moyens", a déclaré Dominique de Villepin vendredi, au micro d'Europe 1. "Il ne peut plus être candidat, parce qu'il ne peut plus mener une campagne sur le fond pour défendre des idées et un idéal républicain et démocratique".
"Je suis en marge du mouvement LR, je n'existe aucune fonction, je n'exerce aucune responsabilité dans ce parti", rappelle Dominique de Villepin. "Je suis là comme gaulliste, comme citoyen en colère de voir qu’aujourd’hui nos institution sont mises en cause, prises en otage par un candidat qui est lui-même mis en cause".
Une mise en cause problématique des contre-pouvoirs. "J’ai de la compassion, je sais et j’imagine ce qu’il est en train de vivre", souligne l'ancien chef du gouvernement. "Mais, poursuit-il, il ne peut pas, aujourd’hui, s’engager en responsabilité, compte-tenu des fonctions qu’il a occupé et des fonctions qu’il occupe. Il ne peut pas, aujourd’hui, s’engager dans une fuite en avant au prix d’une mise en cause de nos institutions, au prix d’une mise en cause des contre-pouvoirs qui sont essentiels, aujourd’hui, dans notre République, et y compris, bien sûr, la mise en cause des médias que l’on voit, un peu prés systématiquement, dans les meetings de ceux qui le soutiennent".
La "grande vulnérabilité" du pays. Pour Dominique de Villepin, la menace judiciaire et le temps consacré par le député de Paris à se défendre l'on rendu inaudible sur le plan du débat d'idées. "Aujourd’hui, nous sommes, aux premières loges, spectateurs d’une situation effarante alors même que notre pays est dans une situation de grande vulnérabilité", déplore Dominique de Villepin. "Nous somme la risée de l’Europe et la risée du monde entier !"
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Un plan B ? François Fillon a confirmé mercredi, lors d'une conférence de presse surprise, sa volonté d'aller jusqu’au bout de sa candidature, se considérant comme victime d'un "assassinat politique". Depuis, les défections se multiplient dans l'équipe de campagne. Les Républicains ont-ils les moyens de pousser le candidat au renoncement ? "Ce n’est pas à moi à définir une procédure", balaye Dominique de Villepin. "J’avais rappelé, si l’on veut être fidèle à la primaire, de faire en sorte que celui qui est arrivé second puisse l’emporter", nuance-t-il pourtant, se refusant toutefois à "adouber Alain Juppé", dont il est proche et pour qui le sarkozyste Georges Fenech a appelé les élus de droite à accorder leur parrainage.
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La "responsabilité" des ténors du parti. "Je suis convaincu que si François Fillon prenait quelques heures pour regarder la situation dans laquelle il est, il se rendrait compte qu’il ne peut plus défendre un projet, qu’il ne peut plus défendre une famille politique dès lors qu’il est obligé de passer l’essentiel de son temps à se défendre lui-même", conclut Dominique de Villepin qui demande aussi aux responsables LR, notamment les anciens chefs de gouvernement, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, de prendre leur "responsabilité", "de se rencontrer, de se parler".