L'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a été placé sous le statut de témoin assisté dans l'enquête sur la société d'investissement luxembourgeoise LSK qu'il a présidée jusqu'en octobre 2014, a-t-on appris jeudi de sources concordantes, confirmant une information de L'Express.
Récemment entendu par la juge d'instruction parisienne Charlotte Bilger, Dominique Strauss-Kahn a été placé sous ce statut intermédiaire entre celui de simple témoin et celui de mis en examen (inculpé), ce qui lui permet notamment d'avoir accès au dossier.
Plusieurs plaintes d'anciens actionnaires
Après environ huit mois d'enquête préliminaire du parquet de Paris sur cette société, les investigations ont été confiées en mars 2016 à des juges d'instruction dans le cadre d'une information judiciaire ouverte notamment pour escroquerie en bande organisée, abus de biens sociaux et abus de confiance.
Dominique Strauss-Kahn a été visé par plusieurs plaintes déposées par d'anciens actionnaires qui estiment qu'on leur a présenté, au moment de leur investissement, une situation financière de LSK (Leyne Strauss-Kahn & Partners) non conforme à la réalité.
LSK déclaré en faillite en 2014
LSK, dont Dominique Strauss-Kahn voulait faire un fonds spéculatif de 2 milliards de dollars, a été déclaré en faillite en novembre 2014, quelques semaines après le suicide à Tel-Aviv de son fondateur et dirigeant, Thierry Leyne. DSK avait quitté la présidence de la société quelques jours avant ce décès.
Le fonds avait laissé un passif de près de 100 millions d'euros au préjudice de 150 créanciers, dont le fisc luxembourgeois, avait indiqué en 2016 une source proche de l'enquête.
"Dans la mesure où la plainte était nominative, le juge était obligé de recevoir Dominique Strauss-Kahn avec un avocat. En l'absence d'indices graves et concordants, il a été placé sous le statut de témoin assisté", a déclaré à l'AFP Jean Veil, avocat de l'ancien ministre.
De son côté, l'avocat de deux des plaignants, Me Mathieu Croizet, s'est dit "très satisfait". "Au bout de quatre ans de procédure, l'enquête progresse", a-t-il déclaré. "Le vrai débat judiciaire commence", a-t-il ajouté.