Il fut un temps où le Front national manifestait bruyamment son soutien à Donald Trump. Le mot d'ordre de Marine Le Pen pour la présidentielle américaine était alors clair : "Tout sauf Hillary" (Clinton). Depuis sa désignation à la convention républicaine de février, Donald Trump avait valeur d'exemple pour le Front national. Le milliardaire se présente en effet comme le candidat anti-esthablishment, anti-mondialisation et pro-Brexit, comme Marine Le Pen. Ses positions contre la guerre en Irak et pour un repli de façon générale n'étaient pas non plus pour déplaire à la présidente du FN.
Trump le goujat. Mais ça, c'était avant. Avant cette vidéo montrant Donald Trump faire des commentaires obscènes sur les femmes, avant les déballages qui ont suivis, avec notamment des accusations d'agression sexuelle et de harcèlement de la part de plusieurs femmes. Depuis, soutenir le goujat Trump est devenu beaucoup plus délicat pour le Front national, dont le grand défi pour 2017 reste de conquérir le vote des femmes et des seniors.
Mauvaise image. S'il est peu probable que son soutien à Donald Trump lui coûte électoralement, Marine Le Pen n'étant pas comptable des outrances du magnat américain, la présidente du FN prend néanmoins le risque de voir sa campagne affaiblie en termes d'image, notamment auprès des femmes. Or, cela fait des années que l'élue des Hauts-de-France affine sa stratégie et ses messages auprès de cet électorat. Au moment des viols commis autour de la gare de Cologne, en janvier dernier, elle avait ainsi signé une tribune. "C'est la femme qui prend la plume", écrivait-elle alors, faisant le lien entre crise migratoire et "début de la fin des droits des femmes".
Se forger une image de féministe. Avant cela, en 2012, la présidente du FN n'avait pas hésité à citer Simone Veil ou Elisabeth Badinter lors d'un forum organisé par le magazine Elle. Quand, pendant la campagne des régionales fin 2015, Marion Maréchal-Le Pen avait déclaré vouloir remettre en cause les subventions au Planning familial, association qui milite notamment pour le droit à l'avortement, Marine Le Pen s'était empressé de préciser que cela ne figurait pas dans le programme du parti. Plus question pour elle, d'ailleurs, de supprimer le droit à l'IVG ou de revenir sur la contraception. Une vraie rupture par rapport à la position historique du FN, qui a demandé beaucoup de travail à la présidente frontiste. L'image de féministe que celle-ci a voulu se forger est pour le moins incompatible avec la vision rétrograde des femmes de l'encombrant Donald Trump.