La discussion entre Emmanuel Macron et un demandeur d'emploi dans le domaine de l'horticulture provoque des remous. Du travail, "je traverse la rue, je vous en trouve", avait rétorqué le président de la République à un chômeur qui l'avait interpellé sur sa situation, samedi.
ENQUÊTE - "Je traverse la rue et je vous trouve un emploi" : Europe 1 a vérifié le conseil d’Emmanuel Macron
"Ça pourrait être rigolo, mais ça ne l'est pas du tout." "Le président de la République vient de trouver la solution au chômage. Franchement, c’est merveilleux. Il suffit que chaque demandeur d’emploi traverse la rue et il y a un job en face. On a réglé le problème du chômage grâce à la vision jupitérienne du président de la République", ironise Pascal Pavageau, secrétaire général de Force ouvrière, au micro d'Europe 1. "Ça pourrait être rigolo, mais ça ne l’est pas du tout", ajoute-t-il.
Il clame son ras-le-bol face à ce qu'il perçoit comme du "mépris" de la part d'Emmanuel Macron : "C’est systématique de la part du président de la République, de sous-entendre que celui qui a une difficulté, que celui qui est au chômage, que celui qui est malade, il est en partie, voire totalement, responsable de sa situation et qu’en plus, il ne ferait rien pour s’en sortir."
"Indigne d'un président de la République." D'après Pascal Pavageau, ce que le chef de l'Etat signifie en substance est que "si vous n’avez pas de job, il suffit de vous bouger un peu le cul et traverser la rue pour trouver un boulot". "Franchement, si c’était si facile, personne ne serait au chômage, personne ne serait malade. C’est du mépris et c’est indigne d’un président de la République", juge-t-il.
L'échange a par ailleurs fait hurler le porte-parole du Mouvement national des chômeurs et précaires, Pierre-Edouard Magnan. "C'est à nouveau la petite musique lancinante et à vomir qui voudrait que les chômeurs soient responsables de leur chômage, que si les chômeurs ne trouvent pas de boulot, c'est qu'ils n'en cherchent pas vraiment et qu'ils n'en veulent pas vraiment", s'insurge-t-il.
"Il y a de quoi rendre dépressive toute une génération." "C'est vraiment inacceptable de la part d'un président de la République", poursuit-il, ajoutant que "si on veut désabuser complètement une jeunesse, on ne s'y prend pas autrement" : "Le discours qu'il tient à ce jeune est effrayant. Il y a de quoi rendre dépressive toute une génération."
Le chef de l'Etat conseille notamment au jeune chômeur de s'orienter vers les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration qui "cherchent des gens". Didier Chenet, le président du Groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration, valide cette analyse : "Nous avons aujourd'hui un déficit de salariés de l'ordre de 125.000. Donc effectivement, nous avons des besoins très forts. C'est vrai que nos métiers ne sont pas sans contraintes, c'est le midi, c'est le soir, c'est le week-end, les jours fériés. Mais nous avons la possibilité d'accueillir des gens qui n'ont pas, au départ, une formation hôtellerie/restauration."
Une problématique qu'il faut soulever. Autre secteur qui recrute selon Emmanuel Macron, celui du bâtiment. "Je ne comprends pas cette polémique", avoue Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment. "Bien sûr, il n'y a jamais une seule réponse à une problématique", reconnaît-il, mais il salue le fait que le chef de l'Etat mette "en avant ce décalage entre les métiers qui cherchent de la main d'oeuvre et des gens qui, aujourd'hui, se retrouvent au chômage avec des formations où il y a moins d'activité" : "Je crois que tout ce qui peut être fait pour alerter tout le monde sur ce sujet-là est une bonne chose."