Privatisation d'ADP : le référendum, "une opération politique pour créer un front du refus de la politique du président"

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Michaël Darmon, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à

Les partis d'opposition font front commun contre la privatisation d'ADP. Pour cela, ils ont eu recours au référendum d'initiative partagée (RIP) pour la première fois depuis sa création en 2008. Notre éditorialiste Michaël Darmon rappelle qu'une "course d’obstacles à franchir rend son application très difficile".

L'Assemblée vote jeudi la privatisation d'ADP. Pour s'y opposer, les forces d'opposition ont fait front commun, en ayant recours au référendum d'initiative partagée, une première depuis sa création en 2008. "Et pourtant, tous les spécialistes de la constitution prédisent qu’il sera pratiquement impossible de déclencher un référendum à la fin", explique Michaël Darmon.

"Le référendum d'initiative partagée (RIP) est sur la table. Et il est partagé par toutes les oppositions. On a vu et revu cette photo qui a réuni pour un même objectif des parlementaires de LR, PS et LFI, unis contre la privatisation des aéroports de Paris. Un nombre d’élus minimum, ils l'ont obtenu, 4,5 millions de signatures de citoyens, ils vont les obtenir, et deux validations du Conseil constitutionnel, voilà l’outil d’un référendum d’initiative partagée. Un dispositif mis en action pour la première fois depuis sa création.

Et pourtant tous les spécialistes de la constitution prédisent qu’il sera pratiquement impossible de déclencher un référendum à la fin. C'est une course d’obstacles à franchir qui rend son application très difficile. C’est donc à se demander pourquoi cette mesure a été adoptée dans la réforme de la constitution, d’ailleurs avec les plus grandes difficultés. Nicolas Sarkozy, alors président de la République, avait mis tout son poids dans la balance pour inscrire le RIP.

 

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"Dans l'opposition, l'amnésie est un problème partagé"

Cette initiative des différentes forces d'opposition montre que, dans l'opposition, l'amnésie est un problème partagé. Les socialistes oublient que c'est sous François Hollande que les aéroports de Lyon, Nice et Toulouse ont été privatisés et la droite oublie qu'elle a soutenu la privatisation des autoroutes.

En fait, il s’agit d'une opération politique pour créer un front du refus de la politique du président alors que celui-ci s’apprête à annoncer les changements décidés après le 'grand débat national' avec peut-être un projet de référendum. Cette tentative est par ailleurs très révélatrice sur un autre point. Elle montre l’alliance d un système de partis encore vitrifiés depuis 2017. La photo, on ne risque pas de s’oublier de sitôt : elle rassemble tous ceux qui essayent de se relever depuis l’élection présidentielle. Alors le RIP peut aussi bien signifier 'référendum impossible à pratiquer' ou 'riposte inefficace politiquement'."