À qui Emmanuel Macron s'est-il adressé, jeudi soir, lors de sa conférence de presse ? Aux "gilets jaunes" qui le mettent sous pression depuis novembre ? Aux Français qui ont participé au "grand débat" de janvier à mars ? En réalité, le chef de l'État a décidé de revaloriser le rôle des élus et d'envoyer des signaux aux macronistes venus de la gauche. C'est la leçon à tirer de cet exercice inédit depuis le début du quinquennat, analyse vendredi notre éditorialiste Michaël Darmon.
"Lorsqu'Emmanuel Macron affirme : 'Je me fiche de la prochaine élection, je veux furieusement réussir ce mandat', et bien, il démontre qu’il est entièrement concentré sur cette échéance. C’est la vraie prise de risque pour lui : en choisissant de ne pas répondre à toutes les revendications, en particulier celles des 'gilets jaunes', en disant 'ni entêtement ni reniement', le président de la République choisit de conforter son socle électoral, celui de l’élection présidentielle.
Suite ou fin du malentendu entre lui et les Français ?
Il faut souligner que les réformes fiscales et les mesures sociales sur les retraites sont des propositions, voire des combats menés par l’aile gauche de la majorité. L’éducation et la santé, au cœur du projet, sont des signaux envoyés aux électeurs macronistes venus de la gauche. Ses mesures sur la proportionnelle ravissent les partenaires du MoDem.
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Parler aux maires lui a appris un mode d'emploi pour répondre aux 'gilets jaunes'. Contrairement à ses prédécesseurs, il a découvert la politique après son élection. Assis derrière une table à la mode De Gaulle et Pompidou, Emmanuel Macron leur a dit : 'J’ai appris, je vous ai compris'. L’avenir dira si c’est la suite ou la fin d’un malentendu avec les Français."