Emmanuel Macron a ordonné la fermeture, à partir de lundi et "jusqu'à nouvel ordre", des crèches, écoles et universités pour freiner la propagation du nouveau coronavirus, qui a tué 61 personnes et en a contaminé près de 3.000.
Le chef de l'État, qui a consacré sa journée de jeudi à consulter pour préparer son allocution télévisée, a appelé les Français à "faire bloc" face à cette épidémie, "qui affecte tous les continents et frappe tous les pays européens": "la plus grave crise sanitaire qu'ait connue la France depuis un siècle". Une intervention réussie pour Nicolas Beytout, notre éditorialiste politique.
"Oui, il a été bon dans la forme (un peu long comme toujours), mais fluide, et pas grandiloquent (alors que le sujet s’y prêtait). Je trouve même que c’était sa meilleure prestation télé depuis le début du quinquennat.
Et sur le fond ? Il a appelé à la mobilisation générale…
Oui, à "faire bloc", à "tenir ensemble", à être "une France unie" (tout ça, ce sont des citations). Je ne sais pas si c’est une malédiction, ou un signe du destin, mais tous les prédécesseurs d’Emmanuel Macron ont eu à affronter à un moment de leur quinquennat une crise absolue (la crise de 2008 pour Sarkozy, les attentats pour Hollande). Et ce qui s’est passé, à ce moment-là de leur mandat, a constitué pour eux un marqueur essentiel. Pour Emmanuel Macron, la mobilisation contre cette monstrueuse crise sanitaire avec le discours d’hier soir figurera sûrement comme un temps fort de sa présidence. Ce qu’il avait à faire était assez difficile, comme toujours dans ce qu’on appelle la communication de crise : il fallait trouver le bon dosage entre les mots et entre les mesures, pour mobiliser sans faire paniquer.
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Il a été pédago…
Et politique, aussi. Pédago en expliquant pourquoi il fallait protéger et confiner les plus fragiles, pourquoi il fallait accepter des sacrifices et fermer les écoles et les crèches. Pédago en se référant systématiquement aux avis scientifiques, pour convaincre bien sûr, mais aussi évidemment pour se protéger de la critique.
Vous disiez pédago ET politique…
Oui. D’abord dans son refus de verrouiller le territoire, et de fermer les entreprises, les commerces. C’est la part libérale du chef de l’Etat qui s’exprimait là, comme dans cette insistance qu’il mettait à défendre l’idée que l’économie devait être sauvée "quoi qu’il en coûte".
Cette expression "quoi qu’il en coûte" lui a aussi beaucoup servi pour défendre le modèle français de santé gratuite et performante, pour promettre de reprendre le contrôle de ces activités qui, dit-il doivent échapper à la loi du marché. C’est l’autre part d’Emmanuel Macron, le côté gauche du "en même temps". Je vous le disais, ce discours restera comme un marqueur essentiel. Qui exprime ce que le chef de l’Etat veut faire de la suite de son quinquennat.