Le dossier Ascoval est entré dans une course contre la montre, avec la décision du tribunal de grande instance d’accorder un délai de quinze jours aux tractations sur une éventuelle reprise du site. Ce nouveau répit fait de l’avenir du site de production d’acier une question politique.
Fâcheuse coïncidence. Ce rebondissement s’inscrit dans le contexte d’une présence importante du président de la République sur les terres industrielles avec "l’itinérance", cette longue visite présidentielle de plusieurs jours, dans l’Est et le Nord du pays. À partir du 4 novembre, Emmanuel Macron veut manifester l’intérêt et l’attention de l’Etat aux régions touchées de plein fouet par la Première Guerre mondiale. Un déplacement comme une sorte de prélude aux cérémonies du 11-Novembre, un siècle après la fin de "La Der des Ders". Le 8 novembre, Emmanuel Macron se trouvera donc dans les Hauts-de-France, soit le lendemain de la décision définitive sur Ascoval. Le chef de l'Etat, enfant de la Picardie, pourra-t-il ne pas s’y rendre alors que ce site industriel vit des heures dramatiques, peut-être les dernières ? À ce jour, aucune visite n’est prévue.
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"On va aller vers la gauche". Mais il y a toutefois cette confidence du président faite ces jours-ci, à plusieurs reprises, à ses interlocuteurs : "On va aller vers la gauche". Alors tout est possible dans ce dossier, porté à l’époque par un certain ministre de l’Economie qui s’appelait… Emmanuel Macron. Il faut dire qu'Ascoval est aussi devenu un enjeu politique entre deux personnes : Xavier Bertrand et Emmanuel Macron. Ces deux-là ont presque appris à apprécier leurs joutes et leurs jeux d’esquive.
Xavier Bertrand, de plus en plus critique vis-à-vis d'Emmanuel Macron. Le président des Hauts-de-France a un temps pensé à rejoindre l’équipe gouvernementale d'Emmanuel Macron. Depuis, le ton s’est durci. Xavier Bertrand reproche à Emmanuel Macron de n’écouter personne et accuse l’Etat d’avoir mis des bâtons dans les roues des repreneurs possibles d'Ascoval. Il en veut pour preuve le vote de l'Etat la semaine dernière, lors du conseil d’administration de Vallourec, actuel propriétaire du site, contre le projet du repreneur Altifort. Aujourd’hui la solution est entre les mains du chef de l'État. Va-t-il forcer Vallourec à acheter un certain tonnage d’acier par an pour maintenir le site, ou laisser Vallourec prendre des décisions difficiles à l’avenir ? Réponse dans les prochains jours.
Les ambitions du président des Hauts-de-France. Mais au-delà du dossier Ascoval, Xavier Bertrand interpelle régulièrement Emmanuel Macron : recevoir le patron d'Apple c’est bien, mais pas au détriment d’une politique industrielle, lui dit-il. Régulièrement présent sur la scène nationale, l'ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy prépare un projet présidentiel. À ce stade, l’affrontement direct avec Emmanuel Macron lui permet surtout de marquer sa différence avec les autres responsables de la droite.